« Je vis dans un écovillage »

24/06/2021 4 min

Cortney Knorr, 26 ans, est le fondateur (avec sa compagne Marie Corre) du Mallouestan, un écovillage situé à Malloué, en Normandie. Le jeune homme y habite avec trois autres personnes, ils ont comme objectif de développer une manière de vivre plus saine, basée sur l’autosuffisance alimentaire, le partage ainsi que le respect de la nature et du monde animal. Témoignage.


Comment est née l’idée de créer Le Mallouestan ?

C’est un projet porté par quatre personnes ayant l’envie commune de se sentir de nouveau épanouies. Nous avons eu l’opportunité d’acheter un terrain, celui de mes grands-parents, situé à Malloué, dans le Calvados. Nous nous sommes installés sur ce lieu et c’est ainsi que le projet s’est construit à partir de plusieurs objectifs : créer un espace pour se confronter à nous-mêmes et se redécouvrir ; accueillir des animaux maltraités ou destinés à l’abattoir ; apprendre à être responsable pour préserver le vivant et son habitat ainsi que les uns envers les autres. C’est ce qui nous motive au quotidien.

maison ecovillage
© Le Mallouestan


Personnellement, pourquoi avez-vous fait le choix de ce mode de vie en écovillage ?

Avant, j’étais directeur technique d’une start-up d’édition de logiciels, à Rennes. J’avais un CDI, je gérais une équipe d’ingénieurs, j’étais bien payé mais je me sentais frustré, ma vie ne me convenait pas. Puis, j’ai commencé à militer en faveur de l’écologie, pour le bien-être animal mais également contre la chasse à courre… Je me suis ouvert d’autres perspectives. Je me suis alors rendu compte que la vie que je menais n’était pas alignée avec mes valeurs. Du coup, j’ai tout quitté et je me suis installé au Mallouestan, il y a environ un an.

« L’objectif est d’être autosuffisant d’un point de vue alimentaire dès cet hiver »


Pouvez-vous nous décrire Le Mallouestan ?

Nous avons 7,5 hectares de terrain et trois maisons. Je vis dans l’une d’elles avec ma compagne Marie. Un autre couple, Daniel et Cyprien, vit dans la seconde habitation. La troisième bâtisse est un espace commun avec une cuisine, une bibliothèque et des chambres destinées à accueillir les visiteurs qui viennent découvrir Le Mallouestan. Nous organisons notre quotidien autour de ces visites et nous partageons notre temps entre le potager, le bricolage, la rénovation de l’une de nos maisons, l’entretien du terrain mais aussi le soin à nos animaux. Nous en avons 33 au total, dont 22 poules et également des cochons, des chèvres, des vaches et des lapins.

cochons en liberté
© Le Mallouestan


Comptez-vous vendre une partie de la production du potager de l’écovillage ?

Nous n’en sommes qu’au tout début, mais l’objectif est d’être autosuffisant d’un point de vue alimentaire dès cet hiver, en dehors de certains produits comme l’huile ou bien la farine. Nous cultivons des salades, des courgettes, des tomates, du chou, des pommes de terre et nous avons aussi des pommiers, des cerisiers et des abricotiers. Nous souhaitons en effet vendre certains de ces fruits et légumes ainsi que des graines. La deuxième piste pour nous permettre de vivre simplement est de transmettre les connaissances que nous sommes en train d’acquérir par des ateliers participatifs ou des événements sur les plantes sauvages, le bouturage ou encore l’écoconstruction.


Comment réalisez-vous les travaux de votre maison ?

En faisant pas mal de récup’, en étant économe sur la quantité de matériaux achetés afin de ne pas gaspiller, en évitant d’utiliser du ciment ou de la chaux mais plutôt des enduits à l’argile… Nous sommes minimalistes, nous acceptons que tout ne soit pas parfaitement beau ou moderne mais plutôt rustique comme le bois brut notamment.

« Il est possible de vivre autrement »

travaux sur les toits
© Le Mallouestan


Quels sont vos gestes écoresponsables du quotidien ?

Ces gestes font tellement partie de mon quotidien que j’ai du mal à les identifier. Pour vous donner quelques exemples : nous n’avons pas de frigo, nous faisons notre propre lessive, notre électricité provient de panneaux solaires achetés d’occasion, nous récupérons l’eau de pluie, nos déchets alimentaires vont au compost ou bien nous les donnons à nos animaux. Les choses se mettent en place petit à petit.


Y a-t-il des inconvénients à vivre dans un écovillage ?

La partie la plus complexe est, pour moi, la gestion des relations humaines. Nous ne sommes plus vraiment habitués à vivre en groupe, c’est un apprentissage. Nous sommes au Mallouestan depuis un an, mais Daniel et Cyprien ne sont pas les deux personnes avec lesquelles nous avions fondé les lieux, ils nous ont rejoints plus tard. Les différends ne sont pas agréables sur le moment mais permettent d’apprendre beaucoup. C’est aussi le but de ce projet : une expérience humaine pour enlever ses œillères et se reconstruire plus sainement.


Pour vous, Le Mallouestan, c’est…

C’est une preuve que les alternatives existent. Par le biais de ce projet, je veux montrer qu’il est possible de vivre autrement, qu’il n’y a pas qu’une seule voie, qu’une seule façon de vivre. Toutes les personnes qui souhaitent en savoir davantage sur notre mode de vie sont les bienvenues au Mallouestan !