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Étape 13 – Puits canadien et VMC : respirer un air sain, naturellement

17/04/2025 6 min
centrale puit canadien VMC

Depuis le début du chantier, Maria et Robin ont fait le choix d’une maison bioclimatique cohérente de fond en comble. Isolation, orientation, matériaux… Tout a été pensé pour limiter les besoins énergétiques. Mais il manquait encore une brique essentielle : comment garantir une qualité d’air optimale à l’intérieur, tout en conservant une température agréable, été comme hiver ? C’est là qu’interviennent le puits canadien et la VMC double flux.

Le puits canadien : de la géothermie passive pour rafraîchir (ou préchauffer) l’air

Robin nous explique d’abord le principe : “L’idée, c’est de faire passer l’air extérieur dans le sol, à une profondeur où la température est naturellement tempérée, pour qu’il se refroidisse en été ou se réchauffe en hiver.” 

Air ou eau ? Deux options pour un même objectif 

Il existe deux grands types de puits canadiens, chacun avec ses avantages et ses limites : 

Type de puits Fonctionnement Avantages Inconvénients 
À air L’air extérieur est aspiré et circule directement dans un tuyau enterré, jusqu’à la maison. – Moins coûteux à l’installation 
– Mise en œuvre plus simple 
– Pas de système hydraulique 
– Risque de condensation dans les tuyaux 
– Risques de pollution de l’air (radon, pesticides, pollution routière) 
– Moins durable sans maintenance 
Hydraulique (à eau) Un fluide caloporteur (eau) circule en circuit fermé dans le sol. Dans la maison, une centrale échange les calories entre ce fluide et l’air entrant. – Moins de risques sanitaires 
– Pas de contact direct entre l’air et le sol 
– Meilleur contrôle des températures 
– Moins d’entretien 
– Plus coûteux (environ 3 000 à 4 000 € hors terrassement) 
– Travaux plus lourds 
– Nécessite une centrale d’échange thermique 

Robin et Maria ont choisi l’option hydraulique, plus sécurisée selon eux, notamment parce qu’ils habitent à proximité de vignes traitées. “Avec l’hydraulique, l’air qui entre dans la maison n’est jamais en contact direct avec le sol ou l’extérieur. Il est filtré deux fois : une première fois dans la centrale d’échange, puis une seconde dans la VMC. C’est beaucoup plus rassurant dans notre contexte.”

puit canadien

Un écart de température naturellement précieux 

Entre 1,50 m et 2 mètres de profondeur — c’est-à-dire la profondeur retenue par Robin et Maria — la température du sol reste étonnamment stable toute l’année, autour de 12 à 13°C. Résultat : un décalage thermique d’environ 6°C avec l’air extérieur en moyenne. Et en période de fortes chaleurs, lorsque le thermomètre grimpe au-delà des 35°C dehors, cet écart peut même dépasser les 20°C. De quoi transformer le puits canadien en véritable climatiseur naturel. 

“L’été, l’air entre à 17°C dans la maison, c’est une climatisation naturelle. L’hiver, si l’air extérieur est à -3°C, il peut remonter à 6°C en passant par le puits. Ce n’est pas toujours suffisant pour chauffer, mais c’est un bon complément pour éviter que la VMC ne consomme trop.”

puit canadien maison
travaux puit canadien

À noter : plus on enterre profondément les tuyaux (jusqu’à 4 mètres), plus la température du sol est stable — mais les travaux deviennent aussi bien plus lourds.

Été vs hiver : comment ça fonctionne vraiment ? 

Le puits canadien ne fonctionne pas de la même manière selon la saison. Voici comment il s’intègre dans la gestion thermique de la maison. 

En été : une climatisation passive 

Quand la température extérieure dépasse 24 à 25°C, la sonde connectée au système déclenche automatiquement l’ouverture du circuit du puits canadien. L’air aspiré passe alors par l’échangeur thermique et arrive à 17°C environ dans la maison, sans consommer d’électricité, hormis celle nécessaire à faire circuler le fluide. 

“C’est un vrai confort l’été, et ça permet de retarder largement l’élévation de température à l’intérieur. La VMC joue son rôle, le puits apporte sa fraîcheur.” 

En hiver : un préchauffage naturel 

En hiver, si la température extérieure descend sous les 0°C, le puits canadien prend le relais. L’air, au lieu d’arriver glacé dans la VMC, passe par le circuit enterré et remonte à une température plus douce, autour de 6°C. Cela évite que la résistance électrique de la VMC double flux ne se déclenche. 

“À Bordeaux, ce genre de gel est rare, donc on l’active peu en hiver. Mais ça peut éviter des pics de consommation ou des pannes si l’air était trop froid.” 

Une VMC double flux efficace, silencieuse, et bien pensée 

Le puits canadien est couplé à une VMC double flux, dimensionnée pour assurer un renouvellement efficace et confortable de l’air dans toute la maison. 

La VMC utilisée par Robin et Maria a un rendement d’environ 90 %, ce qui signifie qu’elle transmet 90 % de la chaleur de l’air sortant à l’air entrant, grâce à un échangeur thermique performant. En moyenne, le volume d’air de la maison est renouvelé toutes les deux à trois heures, avec un fonctionnement majoritairement sur la position intermédiaire. 

“En vitesse 2, c’est notre mode croisière : suffisant pour un bon renouvellement de l’air, sans nuisance sonore.” 

Et pour cause : toutes les gaines passent dans le faux plafond et ont été soigneusement isolées grâce à des gaines silencieuses. Ce traitement acoustique réduit considérablement les bruits de soufflerie. Même à pleine puissance, la ventilation reste très discrète. 

Dans les chambres, l’air est distribué via des grilles au sol, à travers lesquelles on peut marcher. “C’est propre, pratique, et ça s’intègre bien. On n’a pas du tout l’impression d’avoir un système technique dans les pièces.” 

Autre point clé : pour que l’air puisse circuler librement d’une pièce à l’autre, des intervalles de 8 mm à 2 cm ont été laissés sous les portes, en fonction de leur largeur. Cela évite tout blocage du flux d’air et assure une ventilation homogène dans toute la maison. 

Réglages maison, économies à la clé 

Plutôt que de faire appel à un professionnel pour la mise en service, Robin a choisi de tout régler lui-même. “J’ai imprimé un entonnoir 3D pour adapter mon anémomètre aux bouches d’aération, et j’ai ajusté les débits à l’aide d’un tableau Excel.” 

Une démarche technique, mais qui lui a permis d’économiser plus de 400 €. 

Un réseau qui respire, pensé dès la conception 

L’installation d’un puits canadien (et plus largement de tout le système de ventilation) suppose une grande anticipation lors de la construction. Robin insiste : “Il faut penser aux passages de gaines dès la dalle. Sinon, tu dois casser plus tard, et c’est compliqué.”

travaux vmc

Les gaines circulent dans les faux plafonds et les cloisons, jusqu’à des bouches d’aération ou des grilles discrètes, au sol ou aux murs. Un système de régulation permet d’ajuster les débits selon les pièces. Robin a même conçu son propre système de réglage à l’aide d’un anémomètre, d’un entonnoir imprimé en 3D et d’un tableau Excel pour équilibrer les débits dans toute la maison.

vmc maison
vmc et puit canadien

Une maison où l’air circule… et où il fait bon vivre 

“Quand on rentre chez nous, on se sent bien. Il y a une qualité de l’air, une régulation de l’humidité, une stabilité thermique… Tout ça participe à un confort qu’on ressent dès qu’on passe la porte”, conclut Robin. 

Même leur fille Mina, pourtant habituée à son ancien environnement, s’est tout de suite sentie chez elle. 

Et maintenant ? L’été approche, et le puits canadien ne va pas tarder à montrer tout son potentiel. Maria et Robin s’apprêtent à tester cette climatisation naturelle, avec la satisfaction de rester fidèles à leurs valeurs : autonomie, confort, et sobriété énergétique.