« Je vis dans mon van »

25/05/2021 5 min
van nomade plage
© Léa Jourjon

Voyageuse nomade, comme elle se décrit dans son blog Bons baisers, Léa Jourjon, 28 ans, parcourt les routes de Nouvelle-Zélande dans son van depuis mars 2020 et partage ses aventures sur son compte Instagram. Zoom sur un mode de vie insolite.


Neuf heures du matin en France. Dix heures de plus en Nouvelle-Zélande, où l’automne touche à sa fin en ce mois de mai. Un rendez-vous WhatsApp est pris avec Léa Jourjon, qui a quitté en juin 2019 sa vie lyonnaise pour devenir nomade. Après un passage par l’Inde et le Pakistan, la jeune femme est arrivée en Nouvelle-Zélande en mars 2020. Avec un objectif : ne plus prendre l’avion et rentrer en France par les mers et les terres. Depuis son arrivée sur l’île, le van de Léa est devenu sa maison, les magnifiques paysages de la Nouvelle-Zélande son jardin. Installée tout près d’une auberge de jeunesse à Nelson – ville située sur l’île du sud –, elle revient pour Recto&Verso sur cette vie pas tout à fait comme les autres.


Quel est l’origine de votre choix de vivre dans un van ? 

L’idée de départ était de réaliser un voyage sans avion depuis la Nouvelle-Zélande, où je suis arrivée il y a un peu plus d’un an, jusqu’en France. Acquérir un van et l’utiliser comme moyen de transport et lieu de vie a donc été une évidence. J’avais en effet le projet de me rendre ensuite en Australie en bateau-stop (l’équivalent du covoiturage mais en bateau) mais, en raison du Covid-19, les frontières maritimes sont toujours fermées. Et comme je souhaite que l’avion qui m’a permis d’arriver sur cette île soit le dernier de mon voyage, je reste donc en Nouvelle-Zélande pour le moment.

© Léa Jourjon


Pouvez-vous nous décrire votre mode de vie dans votre van ?

Pour les amoureux de la nature et de la randonnée, le van est le moyen le plus pratique pour voyager. On en trouve facilement et j’ai acheté le mien, tout aménagé, dès mon arrivée. Il est très simple mais j’ai tout ce dont j’ai besoin : un lit fixe, un petit plan de travail qui me permet de cuisiner à l’intérieur quand il ne fait pas beau, un réchaud de camping et un petit évier avec une pompe manuelle. Quand je suis seule, j’y lis beaucoup ou j’écris. Avec d’autres personnes, nous jouons généralement à des jeux de société. Mais en général, sur la route, je suis une couche-tôt et lève-tôt pour avoir mes journées bien remplies ! Lorsqu’il fait froid, je dors avec une bouillotte, mon sac de couchage et une couette. Et c’est parfaitement suffisant. Manger un bon repas chaud cuisiné à l’intérieur du van permet également de réchauffer tout le véhicule. J’ai d’ailleurs créé un autre compte Instagram dédié aux recettes vegan à réaliser sur la route.


Et pour les commodités ?

Il y a beaucoup de lieux pensés pour les voyageurs en van en Nouvelle-Zélande. Il existe même une application mobile pour les repérer sur une carte. Ces lieux disposent en général de toilettes, d’un accès à l’eau, de quoi vidanger les eaux usées… En ce moment, j’ai installé mon van à côté d’une auberge de jeunesse. Je dors dans mon véhicule mais j’ai accès à toutes les commodités. Sinon, je peux également faire une « toilette de chat » dans le petit évier du van, c’est souvent bien suffisant. En été, je me baigne aussi dans les lacs des montagnes.


Quels sont les avantages et les inconvénients de la vie en van ?

L’avantage premier est la liberté ! J’ai traversé le pays deux fois du Nord au Sud et parcouru plus de 15 000 km. J’ai adoré les montagnes de l’île du Sud, tout comme la région du Northland (la pointe de Nouvelle-Zélande), ses côtes très sauvages et ses forêts primaires avec des fougères, des lianes… Il faudrait toute une vie pour tout voir mais je me sens chanceuse d’avoir déjà découvert tant d’endroits. Côté inconvénients, j’ai parfois des problèmes de connexion à internet. En Nouvelle-Zélande, j’ai déjà travaillé dans des plantations de kiwis, j’ai aussi ramassé des cerises et, en ce moment, je vends des empanadas à vélo. Mais j’ai aussi des activités à distance, principalement en communication digitale ou pour gérer ma boutique en ligne de photos de voyage. Et lorsque j’ai besoin de travailler sur un projet, j’essaie d’installer mon van dans une ville pour avoir une meilleure connexion. Etant également une personne assez timide, je me suis rendu compte que le van m’a parfois un peu trop isolé des autres. Dans les semaines à venir, je vais donc le revendre et me lancer dans une randonnée de 3 000 km à travers le pays avant de partir en Australie.


Si vous ne deviez en retenir qu’un seul, quel serait le plus beau moment de vie dans votre van ?

Ma toute première nuit en camping sauvage. C’était à la fin de l’été, je venais juste d’arriver sur l’île du sud. J’ai trouvé un endroit où il était possible de bivouaquer sur une plage immense, loin de toute habitation. C’était magnifique et complètement paisible. Le ciel était clair ce jour-là, j’ai pu admirer le coucher de soleil puis la Voie lactée. Au petit matin, j’ai fait du yoga sur la plage et un pêcheur est venu pour discuter un peu. C’était un chouette moment et surtout la première fois que j’ai réalisé tout le potentiel que pouvait avoir ce mode de vie.

© Léa Jourjon