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Autoconstruction d’une maison bioclimatique : étape 16 – Jardin, agroécologie et philosophie d’une vie

27/05/2025 5 min

Au fil de la construction de leur maison bioclimatique, Maria et Robin ont développé un autre projet tout aussi ambitieux : recréer un écosystème vivant autour de leur foyer. À travers une approche profondément ancrée dans la permaculture, ils rêvaient d’un jardin nourricier, résilient et en harmonie avec leur environnement.

Cette série en 16 étapes raconte la construction complète d’une maison bioclimatique en autoconstruction, de la première idée à la vie dans la maison.
Découvrir toutes les étapes

plan jardin maison bioclimatique

Le point de départ : un sol nu, un territoire vivant à inventer

Fait marquant : le tout premier geste du couple n’a pas été de poser des fondations, mais de planter quelques arbres fruitiers récupérés chez des voisins. Le lendemain, ces jeunes plants étaient entièrement retournés par des sangliers.

“On ne pensait pas clôturer tout de suite, on voulait laisser ouvert… mais on a vite compris qu’on devait aussi composer avec la nature sauvage.”

Cet épisode a précipité l’installation d’une clôture périphérique, qui marque le véritable point de départ de l’aménagement du jardin.

maison bioclimatique

Autre contrainte vite identifiée : le terrain, en légère pente, se situe en contrebas de vignes, exposé à des ruissellements importants en cas de fortes pluies. Pour y remédier, Robin et Maria ont planté en fond de parcelle ce qui allait devenir leur jardin-forêt : une haie fruitière dense dont les racines décompactent le sol et absorbent l’excès d’eau naturellement.

jardin maison bioclimatique

Donner de la vie au sol, puis planter

Avant même de planter, Robin a travaillé la terre. Il a répandu du crottin de cheval et du foin local pour réenrichir le sol en matière organique. Trois à quatre mois plus tard, les vers de terre étaient de retour en nombre, signe d’un sol à nouveau vivant.

“La première fois que j’ai décompacté, c’était sec et dur. Quand je suis revenu planter, le sol était meuble, habité. Ça allait vite, c’était encourageant.”

Un jardin-forêt agroécologique déjà bien en place

Le cœur du projet repose sur la création d’un jardin-forêt, pensé selon les principes de la permaculture : chaque élément du jardin remplit plusieurs fonctions, et l’ensemble forme un système autonome, résilient, et productif.

Aujourd’hui, environ 220 arbres et arbustes ont été plantés, en trois vagues : 130 la première année, 50 la deuxième, 40 la troisième. Tous ont été choisis pour leur utilité multiple :

  • Production alimentaire : fruits, baies, feuillages comestibles.
  • Biodiversité : refuge pour oiseaux, insectes, champignons.
  • Climat local : création d’un microclimat favorable à l’humidité, à la fraîcheur, et à l’ombre.
  • Structure paysagère : régulation du vent, de la température et de la lumière.
arbre fruitier jardin
arbre fruitier jardin

Le couple a même testé quelques espèces plus exotiques, comme des avocatiers issus de noyaux, pour anticiper une éventuelle évolution du climat. Certains ont résisté une saison, d’autres non — mais le jardin reste un lieu d’expérimentation.

L’agencement des plantations a été savamment réfléchi : les grands arbres sont positionnés au nord, les plus petits au sud, afin que chacun profite du meilleur ensoleillement possible. L’espacement entre les plants respecte leurs besoins à l’âge adulte, sans nuire à la densité.

“On a planté petit, entre 3 et 5 € par arbre, ce qui a permis de ne pas exploser le budget. À terme, ils seront plus résistants.”

arbre fruitier jardin
arbre fruitier jardin

Le coût total ? Environ 1 000 € pour 220 arbres, grâce à l’achat de jeunes plants et à une pépinière proposant une garantie sur la reprise des arbres.

Parmi les plantations notables, un pin parasol offert pour les 30 ans de Robin. Placé non loin de la maison, il offrira un jour une belle ombre pour les repas d’été, et peut-être même des pignons.

Une logique permaculturelle dans chaque recoin

Le terrain est structuré en plusieurs zones, elles-mêmes pensées dans une logique de sobriété et de cohabitation avec le vivant :

  • Un espace d’agrément, tondu plus court, près de la maison, où l’on peut s’allonger dans l’herbe ou installer une table.
  • Une zone mellifère qui accueillera à terme des fleurs variées, en lieu et place de gazon.
  • Un potager agroécologique, prévu dans un second temps.
  • Et bien sûr, le jardin-forêt au fond de la parcelle.

Une tonte différenciée est mise en place : seules les allées sont tondues, le reste du terrain est laissé libre pour favoriser insectes, microfaune, serpents, champignons, et abriter toute une vie discrète mais essentielle.

arbre fruitier jardin
arbre fruitier jardin

À terme, des poules et des ruches viendront compléter le dispositif : les unes pour les œufs, les autres pour le miel et la pollinisation. Là encore, chaque élément aura plusieurs rôles, toujours dans l’esprit permacole.

“Un jardin, ce n’est pas une décoration. C’est un lieu de production, de vie, de régénération.”

Une philosophie née de la terre… et de la santé

Pourquoi se lancer dans un tel projet ? Pour beaucoup, cela peut sembler fou. Mais pour Robin, ce projet prend racine dans une histoire intime.

Depuis plus de dix ans, il vit avec une maladie de Crohn, une pathologie inflammatoire chronique, difficile à traiter, dont les causes sont encore mal connues. Cette maladie a été le déclencheur d’une réflexion plus large sur l’alimentation, l’environnement, la santé, et leur interdépendance.

“À un moment, plus aucun traitement ne fonctionnait. J’ai dû tout remettre en question : ce que je mange, ce que je respire, la façon dont on vit.”

Progressivement, cette quête de mieux-vivre a débouché sur un projet global de transformation du mode de vie : une maison en autoconstruction, un jardin permacole, une alimentation repensée, des choix éthiques.

Aujourd’hui, Robin vit sans traitement, avec une alimentation plus saine et diversifiée, et une philosophie de vie fondée sur la sobriété, l’autonomie, et la cohérence.

“C’est aussi un projet égoïste au départ. Mais si ça peut inspirer d’autres personnes, tant mieux.”

Ainsi se clôt cette aventure d’autoconstruction. Non pas par un point final, mais par un prolongement vivant : un jardin-forêt en croissance, un quotidien en accord avec ses convictions, et une maison qui nourrit autant le corps que l’âme.

construction maison bioclimatique

Découvrir toutes les étapes de l’autoconstruction de cette maison bioclimatique

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