Troc de temps solidaire avec les accorderies

22/04/2021 2 min
accorderies

Les accorderies ont vocation à lutter contre la pauvreté, l’isolement et l’exclusion sociale en offrant gratuitement à toutes les personnes inscrites la possibilité d’échanger des services contre de la monnaie temps. Avec, à la clé, la création de liens durables.

Depuis leur apparition au Québec en 2002, les accorderies font de plus en plus d’adeptes. Au point de voir la cadence de leur progression s’accélérer. Arrivées en France en 2011 à Paris et à Chambéry, on en compte désormais une quarantaine sur le territoire national. A Saint- Etienne, le petit bricolage est la star incontestée des échanges de services dans une accorderie qui compte 284 accordeurs de tous âges, origines ou situations. Pour Audrey Millet, animatrice de l’accorderie de Saint-Etienne, cet engouement s’explique facilement : « d’une part, tout le monde a des compétences et d’autre part, des personnes qui n’auraient pas les moyens de payer certains services peuvent ainsi y accéder ». C’est donc une démarche « gagnant-gagnant ».


Les accorderies, mode d’emploi

Concrètement, tout le monde peut s’inscrire gratuitement dans une accorderie et proposer des services tels que le bricolage, le ménage, le dessin, l’informatique, l’apprentissage des langues étrangères, les conseils de cuisine… Tous ont la même valeur car seule la durée compte. Les échanges de services sont comptabilisés dans une banque de temps : une heure de service rendu vaut une heure de service reçu. Chaque offre proposée par les accordeurs apparaît dans un espace dédié sur le site internet de l’accorderie avec leurs coordonnées. Il suffit alors de contacter la personne dont le service vous intéresse.

Accordeur depuis trois ans, Jean-Marc apprécie la démarche. « Alors que j’étais dans une situation d’isolement, j’ai entendu parler des accorderies. Ce procédé d’échanges solidaires m’a plu. Depuis, je propose des services de bricolage, de petits travaux, de déménagement, de portage de courses… Et j’utilise des services d’aide administrative et informatique. J’ai de nouvelles connaissances, et je me suis fait plusieurs amis, c’est très précieux pour moi, je ne me sens plus du tout isolé ».

accorderie entraide


L’humain au cœur des échanges

Outre les services individuels, les accorderies proposent aussi des événements collectifs tels que des repas partagés, des sorties, des balades. Car l’accorderie, « c’est avant tout un outil au service de la création de liens », insiste Audrey Millet. Des cours collectifs sont également organisés sous forme d’ateliers dessin, couture, cuisine… Enfin, les échanges dits associatifs concernent les services que les membres rendent à l’accorderie en rangeant le local ou encore en tenant une permanence.

Certes, la crise a freiné de nombreux projets mais en a encouragé d’autres comme ce groupe d’accordeurs qui se réunit toutes les deux semaines à Saint-Etienne pour travailler sur les questions d’isolement, dont Jean-Marc fait partie. « Nous essayons de monter un atelier de bricolage solidaire pour les personnes démunies et un module pour sortir de l’isolement ceux qui se sentent encore plus exclus à cause de la crise », explique-t-il.

L’expérience vous tente ? Le plus simple est sans doute de vous lancer. Et comme le souligne Audrey Millet : « Une inscription donne droit à un compte temps de 15 heures, cela permet de tester les services. »