Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Etape 10 : viabilisation et raccordement 

29/06/2023 8 min

La viabilisation vise à mettre en place toutes les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement du logement et à assurer le confort des occupants, en matière d’électricité, d’eau potable, d’assainissement et de télécommunication. Pour sa part, le raccordement se concentre sur la connexion spécifique du logement aux infrastructures existantes, permettant ainsi l’approvisionnement en électricité, en eau et en services de télécommunication, et l’accès au réseau d’assainissement. Le plus souvent, les terrains nus mis en vente sont viabilisés, voire raccordés. S’ils ne le sont pas, il est important d’anticiper ces étapes bien en amont, autant sur le plan organisationnel que financier. En effet, c’est un budget non négligeable, et les travaux peuvent réserver bien des surprises. Une étape incontournable et symboliquement forte… mais pas la plus agréable ni gratifiante à mener, si l’on en croit l’expérience de Maria et Robin, plus que jamais déterminés à partager leurs connaissances et leurs astuces, en détail, avec celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans un projet d’autoconstruction d’une maison bioclimatique.   

Les délais et procédures de la viabilisation 

Maria et Robin ont organisé la viabilisation de leur terrain avant l’achat de leur terrain, en prenant contact avec les opérateurs concernés, à savoir les services municipaux, pour déposer une demande d’autorisation de viabilisation, ainsi que les entreprises Suez, Edf et Orange, et en planifiant les travaux. L’objectif était donc d’acheminer les différents réseaux en bordure du terrain. Lorsque la maison est proche de cette bordure – moins de 30 mètres – il est possible de combiner viabilisation et raccordement, mais celle de Maria et Robin en est éloignée de 70 mètres, ce qui compliquait un peu la suite. 

La viabilisation consiste ainsi en partie à amener l’évacuation des eaux usées en bordure du terrain, pour rejoindre le réseau collectif, et avoir accès à l’eau potable. Pour ce faire, il était nécessaire d’installer un compteur personnel. Seules des sociétés agréées sont habilitées à le faire. Il en est de même pour le compteur électrique. Dans ce domaine, est d’abord mis en place un compteur de chantier, renouvelable annuellement. Le compteur définitif ne peut être installé qu’après le passage du Consuel, une fois l’installation électrique de la maison terminée. 

Se pose également la question du dimensionnement en puissance électrique au moment de l’installation du compteur. Maria et Robin ont opté, au regard du caractère spécifique de leur logement, pour une puissance adaptée à une petite maison. En effet, la consommation électrique étant majoritairement liée au chauffage, les besoins en la matière sont réduits au sein d’une maison bioclimatique. 

Si les démarches ont été engagées dès l’achat du terrain, au mois d’octobre 2021, l’eau et l’électricité n’ont été acheminés en bordure de terrain qu’en mai 2022. Il faut donc compter six mois. Maria explique que « la validation de la communauté de communes a pris beaucoup de temps. En plus, EDF annonce un délai incompressible de trois mois à la commande, après validation de l’ensemble des services. Par ailleurs, dans la mesure où la viabilisation a été achevée tardivement, il n’était pas envisageable d’enterrer les réseaux entre le bord du terrain et la maison avant de réaliser les travaux. On a donc opté pour un « raccordement provisoire » : on a mis des tuyaux et gaines définitifs, mais on ne les a pas enterrés avant février 2023, lors du raccordement. De ce fait, on avait l’électricité et l’eau en aérien. L’été, l’eau était donc très chaude dès midi, on la stockait à l’ombre le matin pour pouvoir la consommer dans la journée »

Le raccordement, une étape technique et fastidieuse 

Réseau télécom 

Le raccordement des télécommunications a été réalisé par la société Orange. Cette dernière pose deux gaines vides, au regard de la distance entre la bordure du terrain et la maison, au cas où le premier raccordement ne fonctionne pas. 

Eau potable 

En général, le raccordement de l’eau se fait, dans le cas où la maison est proche de la bordure du terrain, via des tuyaux PEHD de diamètre 25 cm. Il a été choisi, dans le cas de Maria et Robin, de recourir à un tuyau de diamètre de 32 cm, afin d’éviter tout risque de perte de débit, toujours au regard de la distance entre la maison et la bordure du terrain. De plus, ce tuyau a été glissé dans une gaine, afin d’éviter les agressions causées par les conditions climatiques et d’anticiper une potentielle modification ultérieure. 

Electricité 

En matière d’électricité, le raccordement dépend du type de viabilisation choisi (type 1 ou 2). La différence entre ces deux options réside dans l’installation du compteur Linky, qui peut être en bordure de terrain (type 2) ou dans la maison (type 1). Robin indique que la distance entre la bordure du terrain et la maison imposait de recourir au type 2 : « Ainsi, il nous revient d’installer toute la partie qui sera entre le compteur, installé en bord de terrain, et la maison. Cette installation est soumise à la norme NFC 15-100. Nous devions faire en sorte qu’il n’y ait pas de perte de charge inférieure à 2 % sur la distance. Nous avons donc opté pour une section de câble suffisante, à savoir de diamètre 70 mm, en aluminium ». 

Réseau d’assainissement 

Le raccordement doit permettre de garantir une pente de 1 à 3 %. Maria explique que dans leur cas, le caniveau de la ville passait à 2,5 m de profondeur par rapport au sol, ce qui laissait la possibilité, sur la longueur jusqu’à la maison, de tout installer en gravitaire, c’est-à-dire sans recourir à une pompe de relevage. La perspective d’installer un tel matériel n’était pas souhaitée, car il nécessite de l’entretien et consomme de l’électricité.  

Mais attention, les calculs de la pente en fonction de la distance parcourue et de la profondeur à l’arrivée sont complexes à réaliser. De plus, les travaux de creusage nécessitent du matériel adéquat et d’être au moins deux. Il s’agit en effet d’une opération pointilleuse et potentiellement dangereuse, au regard des risques d’ensevelissement. Maria et Robin ont donc fait appel à un conducteur de pelle, qui a creusé la tranchée. Avec Robin, ils ont régulé la pente, mis un lit de sable pour accueillir les réseaux, et Robin a installé les réseaux : « Niveau dimensionnement, nous sommes partis sur une pente de 2,5% et un tuyau PVC de diamètre 100 mm  (100 ou 125 mm sont conseillés habituellement, mais le diamètre de 100 était largement suffisant dans notre cas) ». Le conducteur est ensuite revenu pour ensevelir ces derniers. Le recours à ce professionnel s’est avéré très positif, autant sur le plan physique, sécuritaire, matériel que financier, ainsi qu’en termes de conseils. 

Robin précise que ces travaux sont peu abordés dans les livres spécialisés en bioclimatisme. Les informations ont été prises sur Internet, par exemple au sein d’un groupe d’autoconstruction sur Facebook. 

Cette deuxième partie du raccordement – à savoir la finalisation – a pris trois journées et demie à deux personnes, soit davantage qu’estime initialement, notamment en raison de la découverte d’un rocher sur le chemin du raccordement. Il a fallu le creuser, ce qui s’est avéré chronophage (environ 12 heures). Un vrai coup dur pour Robin. 

Il est également utile de préciser que lorsque le PLU n’impose pas un raccordement au tout-à-l’égout collectif, il existe des alternatives, comme la phyto- ou la pédo-épuration (épuration opérée par les plantes ou par la terre), ou encore une fosse septique. Dans ces cas, l’organisme à consulter, en charge de valider le projet de raccordement non-collectif s’appelle la SPANC

Budget

A savoir : la phase de viabilisation a coûté autour de 8 000 euros, sachant que 90 % de ce coût correspondent à des travaux de voirie, notamment liés au tout-à-l’égout (environ 5 000 euros). Robin précise qu’un supplément a été comptabilisé en raison de la profondeur du tout-à-l’égout. Le prix standard est donné pour 1,30 m de profondeur. Un premier supplément est compté pour aller jusqu’à 1,60 m, et un deuxième pour une profondeur de 2,50 m. 

Pour sa part, la phase de raccordement a coûté environ 7 000 euros. Ce coût comprend essentiellement la location de la pelle et du chauffeur, et surtout les matériaux (câbles, tuyaux d’eau, gaines, sur 75 mètres). Le petit plus à prévoir : deux gaines vides ont été ajoutées, pour anticiper une éventuelle installation ultérieure d’une motorisation de portail, d’un visiophone, ou de câbles liés à l’installation de panneaux photovoltaïques. 

Le budget viabilisation et raccordement atteint donc environ 15 000 euros, contre près de 30 000 euros si l’ensemble de ces travaux avaient été réalisés par des entreprises. Une somme non négligeable, donc, et pour des travaux de terrassement complétement invisible une fois les tranchées rebouchées ! Robin conclut que le plus grand sérieux doit néanmoins être accordé à cette phase du chantier, car « s’il y a un problème plus tard, le gros du travail (notamment le creusement de la tranchée) doit être recommencé, en prenant soin de ne rien abimer en le faisant. C’est donc important de le faire bien ! »

Les autres étapes de l’autoconstruction de Maria & Robin :