Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Étape 10 : isolation et bardage

27/10/2023 9 min

Le sujet de l’isolation dans la construction d’une maison bioclimatique est évidemment central. Rigoureux et perfectionnistes, Maria et Robin y ont porté un soin tout particulier. Le revêtement extérieur a pour sa part une fonction plus esthétique, son choix a donc une grande importance, mais nécessite des partis pris. Retour sur cette phase finale de l’aménagement extérieur de la maison.

Le choix d’une isolation par l’extérieur

Au mois d’avril 2022, Maria et Robin se lançaient dans la réalisation et l’isolation périphérique de la dalle de leur maison bioclimatique. L’isolant utilisé s’enfonçait ainsi dans le sol sur 40 cm, en dépassant de quelques centimètres du niveau de la dalle. Au mois d’octobre 2022, débutait l’isolation de la maison elle-même. L’objectif consistait à raccorder l’isolant de la dalle aux panneaux isolants de la maison, afin d’assurer une continuité de l’isolation jusqu’à la toiture. Cette jonction s’est faite avec l’installation d’une grille anti rongeur, de la même largeur que l’isolant. Maria explique : « Si on a un animal qui vient gratter l’isolant de la dalle, la grille l’empêche de remonter le long du mur et de venir gratter derrière le bardage ».

Une isolation écologique en fibre de bois

Maria et Robin ont fait le choix d’une isolation thermique par l’extérieur (ITE). Sur le papier, le principe est simple : il convient de visser des panneaux de fibres de bois larges de 20 centimètres directement sur les murs périphériques de la maison, lesquels sont en bois massif, à l’aide de vis de 26 cm. Grâce à une technique de feuillure, les panneaux s’emboîtent les uns dans les autres, permettant ainsi de rattraper d’éventuels petits défauts de planéité ou de jeu entre eux, et donc d’éviter tout pont thermique. « Cela rend le montage un peu plus complexe, mais cela assure la continuité de l’isolation », précise Robin.

Les difficultés et points d’attention majeurs de cette étape du projet ont résidé dans les découpes des isolants pour entourer les 20 menuiseries. Des découpes qui se sont avérées de fait très nombreuses et très chronophages. Robin précise qu’un soin particulier a été apporté à ces travaux précis et minutieux, là encore afin d’éviter tout pont thermique, aussi minime soit-il.

Robin alerte également les éventuels lecteurs intéressés par l’autoconstruction d’une maison bioclimatique sur la nécessité d’anticiper la pose de l’isolant des murs dès l’isolation de la toiture. En effet, on gagnera beaucoup de temps à araser cette dernière pour faire reposer l’isolant des murs dessus. Maria et Robin n’ayant pas pris cette précaution, ils ont dû creuser dans l’isolant des murs pour suivre la forme un peu irrégulière de l’isolant de toiture. Cette phase s’est avérée également chronophage et un peu pénible.

Enfin, la pose de l’isolation s’est faite de manière discontinue, en fonction de l’avancée des autres postes du chantier : pose des menuiseries, construction du garage, pose du bardage, etc. Cette phase d’isolation s’est ainsi étalée du mois d’octobre 2022 jusqu’au mois d’avril 2023. Maria conclut : « L’isolation est le poste le plus contraint, en termes de timing, par la réalisation des autres étapes du chantier ».

 Stockage de l’isolant : attention au soleil et à la pluie

Maria et Robin disposaient des panneaux d’isolation des murs depuis le mois de mars 2022, soit même avant la construction de la dalle, en raison d’une opportunité de récupérer une commande d’un client y ayant renoncé, craignant que les délais de livraison s’allongent significativement par la suite. Entreposé à l’extérieur en attendant le moment de le poser, le matériel a subi les attaques du soleil, qui a considérablement affaibli la protection en plastique, laquelle avait pourtant été renforcée. De ce fait, l’eau s’est infiltrée entre deux rangées d’isolant. Finalement, l’équivalent de deux des trente palettes livrées ont été abîmées et ont dû être recommandées. D’autres panneaux, moins abîmés, ont pour leur part nécessité un temps de séchage dans le garage, et donc une manutention importante.

Pose des panneaux isolants : prévoir de l’aide !

La pose des deux premiers rangs de panneaux d’isolant ne comprend pas de difficultés particulières, notamment parce qu’elle se fait à hauteur d’homme. La suite s’avère plus délicate et nécessite de prendre de sérieuses précautions en matière de sécurité. En effet, les panneaux sont lourds (25 kg) et encombrants, et doivent être acheminés à des hauteurs élevées : dans le cas du chantier de Maria et Robin, à plus de 6 mètres !

Or Robin a effectué seul cette étape du chantier. Il a porté des panneaux à même l’épaule et a gravi son échelle avec sa main libre. Un échafaudage avait bien été loué pour l’occasion, mais ce dernier n’était pas déplaçable par une personne seule. Robin indique s’être assuré avec un baudrier et une corde. Néanmoins, cette phase s’est avérée très acrobatique, voire dangereuse, notamment en cas d’accident : seul et blessé, il peut être difficile, voire impossible, d’appeler les secours. Maria précise : « C’est à cause de cela que j’ai offert une Apple Watch à Robin, pour son anniversaire, parce que dans l’Apple Watch il y a une fonctionnalité d’identification des chutes, des chocs, ou de problèmes liés au rythme cardiaque. Si on ne répond pas dans les cinq secondes, la montre envoie un SMS aux contacts d’urgence ou appelle les secours ».

Par ailleurs, Robin indique être accompagné par un kinésithérapeute pendant toute la phase des travaux, au regard de la charge et du rythme de travail qu’elle impose : « Le kiné m’a aidé à me renforcer musculairement, et à me débloquer le dos tout seul quand c’était nécessaire ! L’idée est d’éviter absolument des séquelles à long terme ».

Le bardage : l’étape de finition qui change tout !

Pourquoi choisir un bardage en bois ?

Maria et Robin ont opté pour un bardage en Douglas pour des raisons d’ordre budgétaire, mais pas seulement. Également parce que ce matériau faisait partie des bois de classe 3 trouvables en France, mais aussi pour des raisons esthétiques.

Le choix d’une esthétique évolutive

Le Douglas est naturellement de classe 3 quand il est « purgé d’Aubier », pour ne garder que la partie centrale de l’arbre, appelée « duramen ». Le bardage choisi par Maria et Robin est précisément purgé d’Aubier. Sa couleur est rose/rouge.

Maria et Robin ont prévu un bardage vertical sur la maison et horizontal sur le garage. Des liteaux verticaux sont ainsi posés sur les murs extérieurs du garage, et des liteaux horizontaux et verticaux sur ceux de la maison, afin d’assurer une bonne aération de bas en haut entre l’isolant et le bardage et donc un vieillissement plus harmonieux.

Car Maria et Robin ont décidé de ne pas traiter le bois utilisé pour le bardage, et « d’accepter qu’il vieillisse comme il l’entend. Il grisera différemment en fonction de l’orientation de la maison ». Le couple bâtisseur le reconnaît, « c’est un vrai compromis esthétique, mais ce en quoi on croit, c’est que le bois sait se protéger lui-même et que cette couche, qu’il vient créer quand il grise, c’est sa propre couche protectrice, et une fois qu’il l’a créée, on n’a pas envie de revenir le brusquer en ponçant et en remettant des produits chimiques par-dessus ».

L’autre solution aurait été en effet de recourir à des traitements chimiques, qu’il faut renouveler tous les 2 à 5 ans. Au-delà des contraintes et des coûts que cette solution implique, Maria et Robin ont préféré laisser vieillir le bois, dans une forme de respect pour le matériau et pour l’environnement… et même si les voisins semblent ne pas approuver ce choix.

Les précadres, une étape chronophage

Les précadres sont les habillages des menuiseries qui permettent de clore les espaces créés par l’isolant et les bardages. Traditionnellement réalisés en aluminium, ce sont les éléments qui permettent de s’accouder à l’extérieur lorsqu’on ouvre la fenêtre, par exemple. Maria et Robin ont opté pour le bois plutôt que l’aluminium, pour des raisons écologiques (l’énergie grise que nécessite l’alliage est bien plus élevée que pour le bois) et économiques. Il s’est notamment avéré moins onéreux de recourir à de grands panneaux de bois contreplaqué en classe 4. « On les a peints de même couleur que les menuiseries pour assurer une continuité esthétique avec la menuiserie, c’est très beau », précise Maria.

Mais là encore, la charge de travail que nécessite cette étape a été quelque peu sous-estimée. Elle comprend en effet : la découpe des éléments des cadres (ayant nécessité de construire un établi pour l’occasion), les 3 couches de peinture, l’assemblage des éléments, et l’installation. Ce travail est conséquent, mais il permet d’économiser 10 000 euros par rapport au prix proposé par le fournisseur des menuiseries (option « précadres en aluminium »). Cette phase a duré tout l’été 2023, parallèlement à la pose des liteaux.

Le bardage, pour sa part, a été commencé le 26 juillet et s’est achevé le 3 octobre 2023.

Sur le plan technique, cette phase des travaux n’est pas complexe. En revanche, elle nécessite, là aussi, de l’organisation, et, dans l’idéal, de l’aide. Robin considère que la solution la plus pertinente consiste à travailler à deux : « l’un reste sur l’échelle, donne les dimensions des lames à poser, et pose ; l’autre s’occupe des coupes et de passer les lames aux bonnes dimensions ».

Par ailleurs, il a fallu prévoir, lors de cette étape, le passage des câbles électriques dans l’espace existant entre les liteaux et le bardage. Ces câbles avaient été prévus lors de la réalisation de la dalle, pour être raccordés au futur tableau électrique à l’intérieur sans avoir à percer des trous dans les murs et compromettre l’étanchéité de la maison. « C’est une des contraintes à respecter lorsque l’on construit une maison étanche », explique Robin, qui ajoute : « Cela nous a permis de nous projeter plus précisément dans la distribution électrique dans les différentes pièces de la maison ». Par ailleurs, comme l’impose la norme électrique NF C-15-100, des trappes ont été prévues à différents endroits du bardage pour accéder aux boîtes de dérivation.

Enfin, Maria et Robin ont décidé d’utiliser les chutes de bois utilisées pour le bardage pour réaliser les volets roulants en bois, coulissants et motorisés.

Les autres étapes de l’autoconstruction de Maria & Robin :