Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Etape 9 : la construction du garage

28/02/2023 6 min
construction garage maison bioclimatique

Parce que par nature, le garage est une pièce qui ne nécessite pas d’offrir des performances thermiques identiques à celles de l’habitation proprement dite, Maria et Robin ont décidé de le concevoir et de le construire en totale autonomie (sans l’aide d’une agence de type Homelib, impliquée dans la construction de la maison bioclimatique). Une riche expérience qui leur permet, une fois passée, d’en tirer quelques conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient faire la même chose.

Implantation et sas externe : les clés d’un garage bioclimatique

Dans le sud-ouest, en général, le vent et les intempéries viennent de l’ouest. C’est la principale raison pour laquelle Maria et Robin ont décidé d’implanter le garage de manière attenante à la façade ouest de la maison. Ainsi, cette pièce joue un peu le rôle de tampon entre les intempéries et la partie « habitée ». Cette décision relève de fait d’une logique bioclimatique, tout comme celle de prévoir d’intégrer au garage un véritable sas d’entrée externe non isolé, commun avec la maison. « Il s’agit d’un couloir où l’on se déchausse et où l’on enlève les manteaux avant d’entrer dans la maison. Ainsi, la porte de la maison ne sera jamais en contact avec l’extérieur, et ne sera jamais ouverte en même temps que la porte d’extérieur. Le respect de cette règle permettra d’éviter l’entrée du froid ou de la chaleur dans la maison, en fonction de la saison ». Une solution qui contribue donc fortement à limiter les besoins d’énergie qu’occasionnent traditionnellement les échanges d’air entre l’extérieur et l’intérieur. Et si ce dispositif n’est pas totalement optimal, il est possible d’isoler le couloir a posteriori.

ossature bois garage bioclimatique

L’ossature bois traditionnelle, la solution la plus adaptée

Le choix de procédé de construction du garage s’est rapidement porté sur l’ossature bois traditionnelle, après avoir en avoir visité un de ce type, quelque temps avant auparavant. Après en avoir conçu le plan, le bois a été commandé et est arrivé sur site aux alentours de la mi-octobre. Côté essences, le choix s’est porté sur du sapin traité en classe IV pour la partie en contact avec la dalle, du sapin traité classe II pour les montants des murs, et sur du Douglas pour la charpente. Sont ensuite posées sur la structure des murs des plaques en OSB (contreventement). L’ensemble du bois provient de forêts locales.

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L’intérêt du procédé de construction est qu’il peut être réalisé seul… du moins dans un premier temps. Après avoir positionné la lisse d’implantation des murs sur la dalle, en y appliquant des cales pour garantir une horizontalité parfaite, les ossatures sont assemblées sur la dalle, à plat. Ce n’est qu’ensuite qu’on relève le « mur » ainsi constitué, pour l’ancrer à la lisse et s’assurer d’une verticalité sans faille. Robin explique que la taille de la dalle permettant d’y assembler 2 portions de mur à la fois (un par jour), et le garage en comportant huit, le montage et le levage de ces derniers s’est fait en huit jours. Robin souligne la satisfaction de voir rapidement prendre forme l’édifice : « En un peu plus d’une semaine, on avait déjà le visuel du garage ». Un visuel déjà impressionnant, avec des murs de 3,20 mètres de haut !

garage bois

Une fois les murs en place, vient la phase de mise en place de la charpente. Cette phase consiste à « accrocher » aux muralières les solives du toit. . Les muralières permettent ainsi à la fois de solidariser les murs, d’y implanter les solives à l’aide de sabots métalliques, mais également de définir la pente du toit, soit 3% dans le cas du garage de Maria et Robin, au regard du recours à une membrane EPDM pour assurer l’étanchéité, une solution qui a l’intérêt d’être entièrement recyclable. En effet, s’il avait été question d’installer un bac acier, la pente aurait dû être de 6% minimum. Ainsi, le garage faisant 10 mètres de longueur, sa hauteur perd 30 centimètres d’un bout à l’autre.

Une fois les chevrons installés d’une muralière à l’autre, il convient d’y clouer des dalles de toit (des plaques d’OSB de 2,50 x 0,60 m), puis d’y coller la membrane EPDM. Ce n’est qu’ensuite que l’on vient « fermer » les murs avec des plaques OSB (le conteventement), protégées par un pare-pluie. . Il est possible d’assembler le contreventement OSB des murs directement au sol, mais cela double pratiquement le poids du mur lors du levage de celui-ci

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Un retour d’expérience riche en enseignements

Anticiper les problèmes de levage

Une fois les murs assemblés à plat, vient inexorablement le moment du levage. Et le poids n’est pas mince, puisque chaque mur totalisait 200 à 300 kilos de bois. Une opération qu’il est évidemment impossible de réaliser seul(e). Chez Maria et Robin ces phases ont pu se faire grâce à l’aide, à chaque fois, de quatre ou cinq personnes. Mais Robin précise que des machines de levage simples d’utilisation peuvent être louées.

Il en est de même pour l’assemblage de la charpente : les muralières et les chevrons pèsent environ 80 kilos chacun, et il faut les monter à 3,20 m de hauteur. Là encore, sans aide extérieure et sans le recours à un système D composé de multiples poulies et de cordes, en lieu et place d’un Manitou, rien n’aurait été possible.

Bien choisir la période de construction du garage

Pour diverses raisons, et notamment à cause de la blessure au doigt de Robin avec un rabot électrique, la période de construction du garage a été reportée. Si bien qu’elle a été réalisée en plein mois de novembre. Ce qui n’est pas sans poser de problème, notamment en ce qui concerne la pose de l’EPDM : risque d’intempérie, taux d’humidité, températures, autant de paramètres peu compatibles, à cette période de l’année, pour un séchage optimal de la colle ou empêcher l’OSB de pourrir rapidement.

De plus, Maria et Robin ont sous-estimé le poids et le temps que nécessitait cette pose. Les rouleaux de cette membrane en caoutchouc (même si cette dernière est fine – un peu plus d’un millimètre) sont très lourds, environ 80 kg à 100 kg chacun. A deux pour réaliser cette partie du chantier, le couple a dû, une nouvelle fois, trouver des solutions au dernier moment pour y parvenir, ce qui a pris du temps.

La conclusion est sans appel : « la pose d’EPDM en hiver, à deux, sans moyen mécanique de levage, mieux vaut éviter ! ». Généralement, ce type de toiture se fait sur une journée ou deux, si possible en été, et mobilise six personnes.

Maria souligne à nouveau l’importance d’anticiper la question du levage des pièces lourdes. Ce type d’opération comprend inévitablement des risques. Il est primordial de prévoir des aides, qu’elles soient humaines ou matérielles, lors des phases délicates de levage et de pose des éléments concernés : murs, chevrons, fenêtres, rouleaux d’EPDM, plaques d’OSB, etc. Selon Maria, « La répétition d’épisodes éprouvants de ce type laisse des traces : au-delà des risques qu’ils comportent, ils représentent un coût physique non négligeable. »

Retrouvez Maria & Robin prochainement sur Recto & Verso pour présenter l’isolation et les revêtements extérieurs.