Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Étape 7 : la gestion de l’eau de pluie, tout un programme !

19/12/2022 7 min

Sur Recto & Verso, suivez l’avancée du chantier de l’autoconstruction de la maison bioclimatique de Maria et Robin.


Après les émotions et les étapes décisives qu’ils viennent de connaître, Maria et Robin entament une partie plus terre à terre, aux sens propre et figuré.


De la charpente à la couverture

De l’avis du couple, la couverture en elle-même ne constitue pas un fort enjeu du point de vue bioclimatique. Néanmoins, Maria et Robin ont choisi de recourir à une solution réputée durable : « Nous avons opté pour un bac acier, pour sa durabilité et son coût. L’option « tuile en terre cuite » était plus intéressante sous l’angle de l’énergie grise, mais elle était moins durable ». Robin précise que l’énergie grise est « l’énergie nécessaire pour l’extraction, la fabrication, le transport, l’usage et le recyclage d’un matériau. Plus on a des éléments naturels, plus cette énergie est faible : une tuile en terre crue ou cuite affiche par exemple un niveau d’énergie grise très bas, mais elle est moins durable qu’un bac acier face aux aléas climatiques. »

Par ailleurs, pour éviter les surchauffes potentiellement générées par le bac acier, de surcroît de couleur sombre, l’option suivie a consisté à bien isoler le logement bien sûr, mais également à poser des chevrons (sur lesquels tient le bac) d’une épaisseur importante, permettant d’assurer la circulation d’une lame d’air de 16 cm sous la tôle, et donc d’évacuer plus efficacement la chaleur.

Pour sa part, l’avancée de toit, sur la face sud de la maison, a une importance cruciale sur le plan bioclimatique, puisque son but est d’offrir un maximum d’apport solaire en hiver et de l’en protéger en été. Maria et Robin se sont aidés d’un site pour effectuer les calculs permettant de déterminer la longueur optimale de cette avancée. Sont pris en compte l’emplacement et l’orientation du terrain, afin de connaître l’angle de l’ensoleillement en fonction de la période. En effet, le soleil est plus bas l’hiver et plus haut l’été. Ainsi, l’angle d’incidence est plus élevé lorsqu’on arrive à la période estivale, entre avril et fin août. Tout l’enjeu consiste alors, au cours de ces mois, à protéger les fenêtres du premier étage de l’apport solaire. Ces fenêtres ayant une hauteur de 2 mètres, une avancée de toit de 1,6 mètre s’est avérée nécessaire. Pour les fenêtres du rez-de-chaussée, la solution de la pergola a été retenue.

Entre les solives – légèrement cochées – des charpentes, du mélaminé a été posé pour assurer l’étanchéité à l’air. Dix centimètres d’isolant sont venus se poser sur mélaminé, entre les chevrons de toiture.  Cette dernière a été fermée avec une plaque d’Agepan. Ont enfin été ajoutés 20 cm de fibre de bois puis un pare-pluie, lesquels sont également intégrés dans les murs. Ainsi, l’absence d’interruption d’isolant sur l’ensemble de la structure permet d’éloigner le risque de pont thermique. De même, le pare-pluie protège le toit et les murs sans discontinuité.

Le toit étant à double pente, les descentes d’eau se font par deux gouttières classiques, en aluminium. Ce matériau est similaire au zinc du point de vue de la durabilité. De plus, le rendu esthétique permet d’être cohérent avec le reste de la maison, puisque les menuiseries seront également en aluminium. Le diamètre des gouttières a été calculé en fonction de la surface et de la pente du toit, le but étant d’assurer une vitesse d’évacuation ni trop faible ni trop élevée. Si elle est trop faible, les déchets ou les feuilles qui sont sur le toit risquent notamment de ne pas être charriés et évacués par l’eau.


Comment gérer l’eau de pluie ?

Au sein de la commune où résident Maria et Robin, il est demandé aux résidents d’assurer eux-mêmes la gestion des eaux de pluie. Deux solutions existent alors :

  • soit la réalisation d’un réseau de drainage et de répartition de l’eau sur le terrain, en tranchées,
  • soit la pose d’un récupérateur d’eau. C’est cette dernière option qui a été choisie par le couple.

Les récupérateurs peuvent contenir de 1 000 litres à 20 000 litres d’eau, et peuvent être en plastique PE (pour un usage alimentaire) ou en béton. Même si la cuve en béton a l’avantage de pouvoir être fabriquée soi-même et de retraiter naturellement l’eau de pluie, légèrement acide, en la rendant plus neutre, Maria et Robin ont choisi le plastique, dont la durée de vie est estimée supérieure à 50 ans. « Une solution simple et plus intéressante, notamment pour la mise en place de la cuve, qui ne nécessite que l’intervention d’une minipelle », précise Robin. Le couple s’est ainsi lancé dans l’enterrement d’une cuve de 6 500 litres, approchant des 7 000 litres issus des calculs opérés en amont. Robin explique qu’il est impératif de prévoir la pose d’un drain, permettant d’évacuer l’eau si de fortes pluies venaient à saturer la capacité de retenue de la cuve.

Principe de la cuve de récupération

Un énorme trou pour accueillir le récupérateur d’eau de pluie

L’eau de pluie n’étant évidemment pas contrôlée en amont, et sa « qualité » dépendant très fortement du contexte environnemental, la France a choisi de réglementer très fortement son usage, avant son évacuation dans le réseau des eaux usées. Même si des techniques de filtrage efficaces existent, il n’est pas autorisé de boire cette eau, de se doucher avec, ou de l’utiliser pour son lave-vaisselle. « L’eau va se faire rare. On parle déjà de faire des restrictions d’eau plus ou moins fortes dans de nombreuses communes. Dans moins de 50 ans, ces restrictions seront généralisées », avance Maria. La législation doit de ce fait composer entre préoccupations sanitaires et écologiques, qui s’opposent souvent en la matière. « On a beaucoup à apprendre des pays scandinaves et germaniques, qui font ça depuis une vingtaine d’années ».

Chez Maria et Robin, l’eau de pluie sera utilisée pour les toilettes, pour le lave-linge, et pour l’arrosage du jardin. Comme ils n’ont pas encore une idée très précise des besoins en consommation, notamment en ce qui concerne l’arrosage, le couple se rassure en se disant qu’une nouvelle cuve pourra, le cas échéant, être ajoutée « en série », si ces besoins s’avéraient plus conséquents que ceux calculés initialement. De plus, l’arrivée d’eau de pluie dans la maison permettra d’adapter le réseau de distribution aux changements de législation à venir.

La cuve est à sa place

Il faut remblayer autour de la cuve

En attendant, pour connaître son niveau de remplissage, plusieurs dispositifs existent, plus ou moins onéreux. Maria et Robin ont opté pour un système simple, permettant de savoir la cuve est vide ou pleine. Cette information est jugée suffisante, d’autant qu’une trappe d’accès permet d’avoir une vue sur le contenu de la cuve. De plus, grâce à ce dispositif, si la vue est vide, la pompe se « branche » automatiquement sur le réseau d’eau potable public.

Maria souligne le niveau de pénibilité de cette phase du chantier, autant pour la partie couverture que pour la partie liée à la récupération de l’eau de pluie : « Le travail à la pelle, le calcul des pentes d’écoulement, le terrassement, ce ne sont pas vraiment des choses que j’ai envie de refaire ! Dehors, on a littéralement mangé de la poussière pendant quatre semaines ». Et si la pénibilité a été sous-estimée, il en a été de même sur le plan budgétaire. En effet, l’ensemble du dispositif d’écoulement et de récupération de l’eau de pluie a coûté 7 000 euros (dont 3 000 euros pour la cuve, auxquels se sont ajoutés la location de la minipelle, les tuyaux PVC d’évacuations et les graviers pour le remblai).

Il faut raccorder la cuve au système de descente des gouttières par un réseau de tuyau PVC

Un travail de terrassement épuisant et ingrat mais nécessaire

Le couple retient que le travail de terrassement n’aurait pas dû être fait seul (par Robin), parce qu’il faut creuser, vérifier, descendre, remonter, et parce que cette activité peut s’avérer dangereuse. Maria et Robin conseillent vivement de réaliser cette étape au moins à deux.

Retrouvez Maria & Robin prochainement sur Recto & Verso sur le sujet des menuiseries.