Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Étape 4 : le budget

18/10/2022 5 min


Sur Recto & Verso, suivez l’avancée du chantier de l’autoconstruction de la maison bioclimatique de Maria et Robin.


Construire une maison bioclimatique, combien ça coûte ?

C’est une question à laquelle Robin et Maria n’avaient pas l’once d’une réponse avant d’envisager sérieusement leur projet d’autoconstruction.

« Au départ, on ne savait pas du tout à quoi s’attendre. En se renseignant, on a vu que les prix en autoconstruction pouvaient varier de 700 euros du mètre carré à 2 500 euros. Ce qui fait une fourchette très large, s’amuse Robin. Mais compte tenu du type de maison que nous souhaitions construire (bioclimatique, avec des matériaux propres et biosourcés, NDLR), nous savions que nous nous placerions plutôt dans la fourchette haute. »

« La première estimation que nous avons réalisée a été faite lors de notre visite chez le propriétaire de la maison Homelib, que nous avions rencontré lors de nos recherches. Cette maison, similaire à la nôtre, lui avait coûté environ 1 500 euros du mètre carré. Nous nous sommes donc basés sur ce budget, avec une petite marge supplémentaire, au cas où. Soit environ 550 000 euros pour l’ensemble de la maison et du garage, incluant le terrain.»

« Avec ce chiffre en tête, nous avons ensuite décidé de dresser un budget plus précis, en effectuant des devis chez les différents artisans dont nous allions avoir besoin. À commencer par notre constructeur : Homelib. Première surprise : le montant de ce seul devis est équivalent à celui que nous avions envisagé pour l’ensemble des travaux de la maison… La crise sanitaire et l’augmentation du prix des matériaux sont passées par là. On peut dire que nous n’avions vraiment pas choisi notre moment pour construire », déclare Robin.

En creusant un peu, les mauvaises nouvelles s’accumulent : les prix sont en nette augmentation sur tous les postes : artisans, matières premières, etc. Finalement, le budget global est estimé à un peu plus de 650 000 euros en incluant le terrain. « Un résultat qui nous a clairement fait peur », résume simplement Robin, d’autant que nous savions que les prix n’allaient pas baisser tout de suite.


Pour information, Maria et Robin se sont renseignés sur les coûts des autres formules de construction, à titre de comparaison. Ces coûts, ramenés au mètre carré, comprennent le gros-œuvre, les équipements, le second-œuvre et les finitions. S’il atteint finalement 2 060 euros pour l’autoconstruction en bois d’une maison passive, le prix de la construction bois traditionnelle (réalisée par un professionnel) reste plus élevée, à 2 150 euros. La construction en maçonnerie traditionnelle puis l’autoconstruction bois classique se situent pour leur part à des niveaux inférieurs, avec des coûts respectifs de 1 950 euros et 1 150 euros.

« Nous n’avions pas le choix, pour que notre projet soit validé par la banque, nous devions faire des économies sur certains postes». Et pour cela, une seule solution : l’huile de coude !

Pour commencer, le couple demande à Homelib de réduire au maximum la main-d’œuvre nécessaire au montage de la structure de la maison. C’est ainsi qu’au lieu de quatre artisans initialement prévus pour le montage des murs, seuls deux sont venus, épaulés par le couple et une bande d’amis et de membres de leur famille serviables et motivés ! Une première démarche qui fait sensiblement baisser la note.

Enfin, Robin prend la décision d’effectuer tout le second œuvre lui-même. Électricité, plomberie… Un sacré défi pour cet ingénieur, qui, rappelons-le, était initialement totalement novice en matière de construction !

« En nous renseignant, nous avons découvert le système de pieuvre : une sorte de kit clé en main livré en fonction du plan de la maison pour effectuer des installations de plomberie et d’électricité. Cette solution permet de faire l’économie de la main-d’œuvre tout en ayant une installation sûre. » Finalement, cette option ne sera pas retenue pour l’électricité, car elle n’est pas tout à fait adaptée au mode constructif retenu par Maria et Robin. Ce sera donc Robin qui construira seul son réseau électrique. « Mais comme pour tout le reste, je compte bien profiter des conseils du réseau d’autoconstructeurs qui nous a déjà tant rendu service. »

Enfin, le couple prend le temps de choisir ses fournisseurs pour obtenir le meilleur prix. Un travail un peu laborieux, mais qui porte ses fruits sur l’addition finale. Il faut savoir, par exemple, que certains fournisseurs acceptent, après négociation, d’ouvrir des comptes clients au tarif artisan et d’obtenir des tarifs jusqu’à 10% moins cher que le prix public.

Quand ils le peuvent, Robin et Maria essaient aussi d’acheter des matériaux de seconde main ou des surplus de chantiers sur des sites de vente entre particuliers. Une véritable source d’économie, qui plus est écologiquement intéressante.


Un budget en évolution constante

Mais la période étant ce qu’elle est, les prix des matériaux continuent d’augmenter. « Finalement, ce qui devait nous permettre de faire des économies nous permet simplement de rester sur notre budget initial de 550 000 euros. Si nous avions construit cette maison deux ans plus tôt, elle nous aurait certainement coûté 20 % de moins qu’aujourd’hui», déclare Robin, un brin amer. 

Autre conséquence de cette crise, le couple a effectué certains achats d’équipement bien avant ce qui était prévu. « Nous préférons anticiper plutôt que de subir une nouvelle augmentation des prix ou une pénurie », insiste le couple. « Dans notre malheur, nous avons la chance d’être extrêmement bien entourés. Nos fournisseurs nous ont prévenus qu’une augmentation allait arriver et que nous avions tout intérêt à acheter certaines pièces maintenant. »

« Pour résumer, c’est cette augmentation inattendue des prix qui nous a donné la motivation de nous investir autant dans cette maison. Sans cela, je ne me serai jamais intéressé à des postes tels que la plomberie ou l’électricité par exemple. Mais en m’y intéressant, je me rends compte que c’est tout à fait faisable, à condition bien sûr d’être bien documenté et entouré ».

Une chose est sûre, si ce projet d’autoconstruction a un coût, il aura aussi rendu le couple bien plus riche de savoirs et de rencontres !

Retrouvez Maria & Robin prochainement sur Recto & Verso sur le sujet des fondations et de la dalle.