Ils autoconstruisent une maison bioclimatique. Étape 6 : des murs et une charpente en 10 jours !

25/11/2022 7 min

Sur Recto & Verso, suivez l’avancée du chantier de l’autoconstruction de la maison bioclimatique de Maria et Robin.


Les fondations et la dalle sont terminées. Elles n’attendent que d’accueillir la structure de la maison. Maria et Robin savent que cela ira vite, mais ils ne s’attendent probablement pas à vivre aussi intensément cette phase du chantier, autant sur le plan physique qu’émotionnel.

Déchargement du bois livré par la scierie : la structure de la maison de Maria et Robin est livrée dans un semi-remorque


Et si on jouait au Lego ?

Rappelons-le, la société Homelib, qui accompagne le couple depuis le début, a décortiqué le plan de la maison et l’a traduit en un kit de pièces de bois à assembler, dont les lisses, les pannes, les fermes, et les panneaux de mur. Ces derniers ont l’avantage d’avoir une taille (2,36 m de hauteur et 55 cm de large) et un poids tels qu’ils sont aisément manipulables par une ou deux personnes. L’assemblage sur la lisse et entre eux en devient ludique : « Les panneaux s’emboîtent un peu comme des Lego », s’amuse Maria. Et pour renforcer leur rigidité, deux plaques en métal sont clouées dans la lisse et dans chaque panneau.

Les panneaux de bois qui composent les murs sont en épicéa, ont une épaisseur de 10 cm et recourent à la technique du lamellé-collé (BLC). Ainsi, « toute la périphérie de notre maison est faite en bois massif, et non en caissons que l’on viendrait remplir de quelque chose », précise Robin. Ces panneaux sont fabriqués par la scierie Cosylva, située dans le centre de la France, et qui n’utilise que des bois européens, bénéficiant d’une coupe raisonnée.

Fixation de la lisse basse


Au-delà de leur facilité de montage, ces murs ont l’avantage de constituer à la fois la structure physique de la périphérie de la maison et les murs intérieurs. « On y voit un intérêt économique et écologique, parce qu’on évite d’ajouter du placo. En plus, on adore l’effet esthétique, et le fait que cela raconte une histoire. On est très contents de pouvoir garder cette identité, qui raconte comment la maison a été construite, ce n’est pas caché ». De plus, Maria et Robin se sentent tout de suite bien, dès les murs en place : « On aime l’odeur du bois, et le fait qu’il ait des propriétés hygroscopiques et de purification de l’air », se réjouit Robin. Un rendu de qualité, un aspect brut qui rassure.

Par ailleurs, l’épicéa jaunit avec le temps. Pour autant, Maria et Robin ont décidé de ne pas le traiter avec un saturateur ou une lasure. Ils vont le laisser vieillir, tout simplement : « Si le bois garde ses fonctionnalités thermiques et structurelles, on le laissera vivre. »

L’assemblage du rez-de-chaussée démarre

Les panneaux pour les murs s’emboitent entre eux

Les panneaux sont fixés à la lisse basse par des plaques métalliques

L’assemblage de la structure du rez-de-chaussée est terminé

Côté technique, tous les panneaux ont trois rainurages sur les côtés : l’un sert de goulotte, pour y passer des câbles électriques, les deux autres servent à encaster les panneaux entre eux. Il suffit alors de faire un trou à la scie cloche au niveau de l’intersection des plaques pour poser un interrupteur ou une prise.

Et pour organiser le reste de l’espace intérieur de la maison, il est prévu de poser des cloisons en placo.


Dix jours intenses

La construction de la structure comprend les étapes suivantes :

  • pose de la lisse basse et calage pour corriger la planéité de la dalle (ces corrections ont nécessité une journée à cinq personnes) ;
  • montage des murs du rez-de-chaussée ;
  • pose de la lisse intermédiaire (et des pannes, pour pouvoir y poser le plancher) ;
  • montage des murs de l’étage ;
  • pose de la lisse haute et des fermes de la charpente (sur lesquelles viennent loger les solives pour y accrocher le plafond).

Pose des pannes sur la lisse intermédiaire pour le plancher

Grâce à un système “d’encoche” les pannes se clipsent dans la lisse intermédiaire

Comme au rez-de-chaussée, les panneaux de l’étage s’encastrent les uns dans les autres

L’assemblage de l’étage est terminé

Sur les pannes qui traversent la maison d’est en ouest, au niveau de la lisse intermédiaire, s’emboîtent les solives qui accueilleront le plancher. Le système se fonde sur le principe de la queue d’aronde : tout se fait à la main, sans vis et sans clou.

Robin explique que la pose du plancher intermédiaire s’est avérée marquante. « Lorsque seules les solives étaient en place, on sentait toute la maison qui bougeait. A partir du moment où l’on a cloué les planches en OSB dessus, on a senti la rigidité de l’ensemble. On est passés de l’instabilité à la stabilité en un rien de temps ! »

Pour la charpente, le couple a opté pour des fermes à l’ancienne, robustes et simples. Il s’agit de « triangles » qui reposent sur les murs extérieurs.

Une fois la charpente posée, la maison est complètement sortie de terre


Mais cette phase du chantier, Maria et Robin s’en rappelleront toute leur vie, parce qu’ils l’ont vécue très intensément, autant sur le plan physique, notamment au regard de la chaleur qui régnait à cette époque (juin 2022), qu’émotionnel. « L’effort physique est difficile à gérer dans de telles conditions : il faisait plus de 42 degrés ! L’exercice était d’autant plus difficile qu’il a fallu gérer la contrainte du vide sur séjour : l’absence de plancher sur une superficie de 30 mètres carrés. Heureusement que Robin n’a pas le vertige et qu’il cumule autant de courage qu’une forme d’insouciance ! ». Ces dix journées ont été également émouvantes, parce que très rapidement, la maison sort de terre. « Chaque étape a constitué un moment fort : le premier panneau de mur, le plancher intermédiaire, l’étage… C’est ce qui m’a le plus marqué, avoue Maria, parce que j’ai pu monter à l’étage, et j’ai vu la vue d’en haut, ça m’a coupé le souffle ! Je me suis dit que ce serait celle que mes enfants peuvent avoir tous les jours en se levant. » De plus, la charpente une fois en place, même non couverte, a permis d’avoir une idée précise de la forme globale de la maison.


Bien être accompagné, c’est primordial

Maria salue la qualité de suivi et d’accompagnement de la société Homelib, à travers la présence de deux personnes recommandées par cette dernière au cours de toutes les étapes clés. Leurs conseils et leur expertise se sont avérés déterminants au cours de cette phase de construction de la structure.

Mais ce n’est pas tout. Maria et Robin se réjouissent d’avoir une bonne bande de copains et une grande famille, venus les aider tout au long de cette étape décisive. A ce titre, Robin souligne l’importance de « penser montage » dès la phase de conception de la maison, et dès lors que l’on opte pour l’autoconstruction, en limitant au maximum les efforts humains et les risques liés au travail en hauteur, par exemple. Et une fois tout cela calé, le moment venu, la petite bière à midi et le repas chaud et convivial ne sont pas anecdotiques, ils constituent même l’un des secrets d’un chantier réussi !

Retrouvez Maria & Robin prochainement sur Recto & Verso sur le sujet de la toiture.