Cocori(dé)co : des créations françaises végétales sous verre

28/04/2022 3 min

© Forêt de verre


À l’origine, rien ne prédisposait Sébastien Boess, musicien, ingénieur du son et titulaire d’un master en géographie, à se lancer dans la création de terrariums, cadres végétaux et autres kokedamas. Pourtant, six ans après son premier essai, c’est aujourd’hui devenu son activité principale. Portrait du créateur lorrain de « Forêt de Verre ».


Des racines et du verre

Hasard ou coïncidence, à la naissance de son fils en 2016, Sébastien Boess visionne un reportage sur les terrariums. Il est séduit par ces compositions végétales vivantes miniatures sous verre, et se lance dans une première réalisation. « L’idée de partir à la recherche d’éléments minéraux dans la nature pour créer fut ma principale motivation, explique-t-il. Parallèlement, je m’adonnais à la permaculture dans mon petit potager et cela m’a initié au savoir des plantes et de l’écologie. » Il se forme sur le tas avec les quelques ouvrages disponibles, mais il reconnaît que c’est après avoir créé le collectif « Artisans Terrarium », que sa formation a vraiment débuté. Les premières graines de Forêt de Verre sont plantées.

© Forêt de verre

Sébastien installe un atelier chez lui, et les racines ne tardent pas à se déployer car, rapidement, amis et connaissances souhaitent acquérir ses créations.


Au rythme de la création

À première vue, il ne semble pas y avoir de liens entre musicien et terrariumiste. Pourtant, cet artisan de 43 ans explique que sa créativité s’est toujours exprimée dans des formes diverses. Ses premières amours sont d’ailleurs présents dans son quotidien et lui inspirent des harmonies : « j’utilise la musique en permanence pour créer, cela influe sur les paramètres de la composition, et chaque terrarium possède un nom unique, tiré d’un morceau de musique que j’écoute au moment de la confection. » On peut aussi voir un parallèle entre le rythme de la musique et celui imposé par son métier. Certaines périodes étant très intenses, d’autres plus calmes, il met ce temps à profit pour réfléchir à de nouvelles créations et de nouvelles techniques.

© Forêt de verre

Dans sa boutique en ligne, on trouve ainsi des terrariums suspendus, verticaux ou de mousse, des kokedamas (sphères de terre recouvertes de mousse auréolées d’une plante) et des cadres végétaux stabilisés.


Une conscience écologique

S’il admet que les plantes tropicales utilisées ne sont pas produites localement, Sébastien Boess tente autant que possible de diminuer l’impact écologique de ses créations. Par exemple, il exclut de travailler avec une terre tourbée (la tourbe étant une ressource fragile et limitée, aujourd’hui surexploitée) et il privilégie des collaborations avec des artisans de proximité. Une partie des couvercles de ses terrariums sont réalisés par un tourneur sur bois de Lorry-lès-Metz, où il vit et travaille et les pièces en céramiques de ses créations sont confectionnées par trois artisanes messines à dix minutes de chez lui.

© Forêt de verre

Enfin, ses fabrications sont en grande majorité dédiées à une clientèle environnante permettant de s’affranchir des livraisons coûteuses en énergie.


La nature, terreau de son artisanat

Arpenter la nature et observer comment les végétaux se déploient font partie intégrante du métier de terrariumiste : « La difficulté consiste à minimiser le risque d’échec de prise des plantes en terrarium. Je dois apprivoiser chaque variété et connaître ses exigences en termes de lumière, humidité, terreau », expose Sébastien Boess. « On dit toujours qu’un terrarium réussi est un terrarium dans lequel on peut plonger le regard et se croire dans un monde miniature. La nature est presque opposée à notre société actuelle. Elle est déstructurée, aléatoire, désordonnée, folle. Il faut donc oublier tout ce que l’on a appris depuis les bancs de l’école », poursuit-il.

Oublier, pour mieux réinventer. C’est ainsi qu’il vient de se lancer dans la réalisation de kusamonos traditionnels, des plantes miniatures dans des contenants en céramique spécifiques. Mais également dans des kusamonos en versions stabilisées : des plantes figées par la glycérine, ne nécessitant aucun entretien.

© Forêt de verre

La prochaine étape ? Ouvrir une boutique physique et étendre son activité digitale, de manière raisonnable et raisonnée pour ne jamais perdre de vue son empreinte écologique.