Des économies d’eau et d’énergie avec la douche Ilya

Recycler l’eau pour limiter la consommation d’une douche à seulement cinq litres au lieu de 60 en moyenne. Telle est l’idée de Simon Buoro et Antoine Escande, fondateurs de la start-up Ilya. Ces deux amis ont mis au point un système de filtration permettant de réduire la consommation en eau de 90 %. Explications.

L’eau que vous utilisez chaque jour à la maison parcourt un long chemin avant d’arriver jusqu’à vous. Captée sous la terre (dans les nappes phréatiques) ou dans les lacs, rivières, fleuves, mer…, elle est transférée dans une station de production d’eau potable avant de poursuivre sa route vers des réservoirs de stockage ou des châteaux d’eau. Distribuée à la demande, elle est ensuite rejetée vers une station d’épuration en charge de sa dépollution. Une fois traitée, l’eau est restituée à son milieu naturel.

C’est pour éviter le gaspillage de cette eau – parfois utilisée seulement quelques secondes – que Simon Buoro et Antoine Escande ont créé en 2018, et à seulement 23 ans, Ilya. « Parce qu’il y a un nouveau monde à bâtir, précise Simon pour expliquer le nom de sa société. Nous avions envie de donner un sens à notre métier d’ingénieur. A la fin de nos études (à l’INSA Toulouse), nous avons donc créé une entreprise avec comme objectif d’avoir un impact positif sur l’environnement et la société. »

Ilya : une douche testée dès cet été

Les deux hommes ont ainsi mis au point une douche « cyclique » nommée Ilya. L’eau est récupérée, nettoyée grâce à un filtre, réchauffée pour rester à une température confortable et renvoyée à l’utilisateur tout au long de sa douche. La consommation est ainsi limitée à cinq litres par douche, au lieu de 60 en moyenne. « Et même si notre pompe réchauffe ce petit volume d’eau, cela permet également d’économiser 80 % d’énergie, puisque le chauffe-eau n’aura chauffé que cinq litres d’eau », indique Simon Buoro. L’eau est ainsi réutilisée à volonté lors de la douche jusqu’à ce qu’un nouvel utilisateur prélève cinq nouveaux litres d’eau sur le réseau. « Cela évite ainsi le frein psychologique de se dire que l’on se douche dans la même eau que quelqu’un d’autre », précise-t-il.

Pas encore commercialisée, mais testée dès cet été, cette douche cyclique sera réservée dans un premier temps aux professionnels– hôtellerie, bailleurs sociaux ou promoteurs immobiliers – qui pourront intégrer ce système dès la construction, avant d’être disponible, à horizon 2023 ou 2024 pour les particuliers. La volonté de la start-up est de pouvoir l’installer, à plus long terme, dans des infrastructures existantes, la douche Ilya étant aujourd’hui adaptable uniquement aux constructions neuves ou aux rénovations. Son prix ? Environ 3000 euros pour la douche toute intégrée (cabine, système de recyclage et installation).

Un outil de sensibilisation pour réduire sa consommation

« On sent qu’il y a une attente du public, indique Simon Buoro. Nous travaillons pour que notre création s’insère dans un dispositif d’aides comme lorsque l’on refait son isolation par exemple ». En attendant, et toujours dans l’optique de lutter contre le gaspillage, les deux hommes vont également lancer, d’ici à la fin de l’année, un capteur à installer sous le mitigeur de douche. Cet outil pédagogique permettra, sur un écran, de mesurer en temps réel sa consommation en eau et en énergie.

« Nous espérons ainsi sensibiliser les utilisateurs à leur consommation d’eau et les inciter à diminuer le temps passé sous la douche », explique Simon Buoro qui, lui-même, applique des gestes au quotidien pour réduire son impact sur l’environnement. « Ce sont des gestes devenus naturels comme composter, trier ses déchets, réparer plutôt que jeter, privilégier le vélo et les transports en commun… » Il n’oublie pas, également, de réduire sa consommation d’eau. « Je passe beaucoup moins de temps sous la douche qu’avant », tient-il à préciser. On le croit sur parole.