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Autoconstruire sa maison bioclimatique : étape 7 – Toiture et gestion de l’eau de pluie, entre confort et autonomie

19/12/2022 5 min


Cet article s’inscrit dans la série “Autoconstruire sa maison bioclimatique”, publiée sur le blog Recto & Verso. Après l’intensité émotionnelle de la construction des murs et de la charpente, Maria et Robin entament une phase plus technique, plus physique, mais tout aussi essentielle : poser la couverture et assurer la récupération des eaux de pluie. Une étape à double enjeu , entre confort thermique et responsabilité environnementale.

Cette série en 16 étapes raconte la construction complète d’une maison bioclimatique en autoconstruction, de la première idée à la vie dans la maison.
Découvrir toutes les étapes


Un toit en bac acier, sobre et durable

Pour Maria et Robin, la couverture n’est pas le poste le plus complexe en termes de bioclimatisme. Pourtant, leur choix ne doit rien au hasard.

« Nous avons opté pour un bac acier, pour sa durabilité et son coût. L’option tuile en terre cuite est plus intéressante du point de vue de l’énergie grise, mais elle est moins durable face aux aléas climatiques », explique Maria.

Robin précise : « L’énergie grise, c’est toute l’énergie nécessaire à l’extraction, la fabrication, le transport, l’usage et le recyclage d’un matériau. Plus on utilise des matériaux bruts, moins l’empreinte est importante. »

Afin de prévenir les risques de surchauffe, accentués par la couleur sombre du bac acier, ils prévoient des chevrons larges, permettant le passage d’une lame d’air de 16 cm sous la tôle. Une façon naturelle d’évacuer la chaleur accumulée.

Calculer l’avancée de toit : une affaire de degrés

L’avancée de toit, sur la façade sud, est stratégique. Elle doit laisser entrer le soleil l’hiver, lorsqu’il est bas, et protéger des rayons l’été, quand il est haut. Pour déterminer sa longueur, Maria et Robin s’appuient sur un outil en ligne, prenant en compte latitude, orientation du terrain et hauteur des fenêtres.

« Pour les fenêtres de l’étage, qui mesurent 2 mètres, le calcul a donné une avancée idéale de 1,6 m. »

Au rez-de-chaussée, c’est une pergola qui viendra jouer ce rôle de pare-soleil. Un dispositif simple, mais essentiel dans une maison passive.

Une isolation sans rupture

Entre les solives de la charpente, des plaques de mélaminé assurent l’étanchéité à l’air. Viennent ensuite 10 cm d’isolant entre les chevrons, puis une plaque d’Agepan. Sur cette base sont ajoutés 20 cm de fibre de bois, recouverts d’un pare-pluie.

Particularité : ce pare-pluie est aussi présent dans les murs, ce qui assure une enveloppe sans aucune discontinuité.

« L’absence d’interruption d’isolant, c’est notre meilleure protection contre les ponts thermiques », souligne Robin.

Des gouttières fonctionnelles et esthétiques

La maison présentant une toiture à double pente, deux gouttières en aluminium sont installées. Ce matériau, comparable au zinc en durabilité, s’accorde avec les menuiseries extérieures.

Leur diamètre a été calculé avec soin, en fonction de la pente et de la surface du toit, afin d’assurer un bon écoulement. Si le flux est trop faible, les déchets stagnent. Trop fort, ils peuvent être éjectés.

La gestion des eaux pluviales : une responsabilité réglementaire

Dans leur commune, les habitants sont tenus de gérer les eaux de pluie. Deux options existent : créer un réseau de drainage ou poser une cuve de récupération. C’est cette dernière qu’ont choisie Maria et Robin.

Ils installent une cuve de 6 500 litres en PE, enterrée grâce à une minipelle. Le plastique a été choisi pour sa facilité de mise en œuvre et sa durée de vie (plus de 50 ans), même si le béton aurait eu l’avantage de neutraliser naturellement l’acidité de l’eau.

Un drain de sécurité est prévu pour évacuer l’eau en cas de pluies extrêmes.

Principe de la cuve de récupération

Un énorme trou pour accueillir le récupérateur d’eau de pluie

Eau de pluie : usage restreint, mais potentiels multiples

En France, la loi interdit d’utiliser l’eau de pluie pour boire, se doucher ou alimenter le lave-vaisselle. Un paradoxe selon Maria : « En Allemagne ou dans les pays nordiques, ils font ça depuis 20 ans sans problème. »

Chez eux, l’eau de pluie servira donc aux toilettes, au lave-linge et au jardin. Une deuxième cuve pourra être ajoutée en cas de besoin. Et le réseau est conçu pour s’adapter aux évolutions législatives.

Le niveau est suivi par un indicateur plein/vide simple. Une trappe permet un contrôle visuel, et la pompe bascule automatiquement sur le réseau public en cas de cuve vide.

La cuve est à sa place

Il faut remblayer autour de la cuve

Un chantier plus rude qu’attendu

Maria ne cache pas son exaspération : « Le terrassement, le calcul des pentes, le travail à la pelle… ce n’est vraiment pas quelque chose que j’ai envie de refaire. On a mangé de la poussière pendant quatre semaines. »

Le coût final est estimé à 7 000 euros :

  • 3 000 euros pour la cuve,
  • location de la minipelle,
  • tuyaux en PVC,
  • graviers pour le remblai.

Robin ajoute : « Ce n’est pas un chantier à faire seul. Il faut être deux. Creuser, vérifier, descendre, remonter… c’est éreintant et potentiellement dangereux. »

Il faut raccorder la cuve au système de descente des gouttières par un réseau de tuyau PVC

Un travail de terrassement épuisant et ingrat mais nécessaire

Penser la gestion de l’eau, c’est préparer demain. Et ce n’est pas une mince affaire.

Découvrir toutes les étapes de l’autoconstruction de cette maison bioclimatique

Étape précédente ➔ Des murs et une charpente en 10 jours
Étape suivante ➔ Les menuiseries extérieures

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