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Autoconstruire sa maison bioclimatique : étape 10 – Viabilisation et raccordement, les tranchées de l’ombre

29/06/2023 4 min

Cet article s’inscrit dans la série “Autoconstruire sa maison bioclimatique”, publiée sur le blog Recto & Verso. Après les murs, les menuiseries et le garage, place à une étape plus discrète, mais essentielle : celle qui relie la maison au monde. Viabilisation, raccordement, réseaux enterrés… Autant de travaux souvent négligés dans les récits d’autoconstruction, mais qui mobilisent temps, argent et énergie. Maria et Robin n’y ont pas échappé.

Cette série en 16 étapes raconte la construction complète d’une maison bioclimatique en autoconstruction, de la première idée à la vie dans la maison.
Découvrir toutes les étapes


Viabiliser son terrain : une aventure administrative… et physique

Avant même d’acheter leur terrain, Maria et Robin avaient pris les devants : contacts avec la mairie, Suez, EDF, Orange… Leur objectif était clair : anticiper les démarches pour faire arriver les réseaux en bordure du terrain au plus tôt. Mais comme souvent, la réalité logistique s’avère plus longue que prévu.

“On avait commencé les démarches en octobre 2021. Il a fallu attendre la validation de la communauté de communes, puis subir les trois mois incompressibles annoncés par EDF.”

Au total, six mois se sont écoulés avant que l’eau et l’électricité ne soient enfin présentes en bordure de terrain, en mai 2022. Et comme la maison est éloignée de 70 mètres par rapport à la route, pas question d’enterrer les réseaux tout de suite. Le couple opte pour un raccordement provisoire : gaines et tuyaux sont posés en apparent jusqu’en février 2023.

“L’été, l’eau arrivait brûlante dès midi. On la stockait à l’ombre pour pouvoir la boire.”


Électricité : des normes strictes et un peu de calcul

Premier équipement installé : un compteur de chantier temporaire. Le compteur définitif ne sera posé qu’après validation du Consuel, une fois l’installation intérieure terminée.

Étant donnée la distance entre la maison et la route, Robin opte pour un raccordement de type 2 : compteur Linky installé en bordure de terrain, puis liaison en câble privé jusqu’à la maison. Il explique :

“La norme NFC 15-100 impose une perte de charge inférieure à 2 %. On a donc choisi un câble de 70 mm² en aluminium.”

Ce choix permet aussi d’adapter la puissance à leur besoin : une maison bien conçue, sans chauffage électrique, n’a besoin que d’une puissance réduite. 

Eau potable : mieux vaut surdimensionner

Classiquement, on installe des tuyaux PEHD de 25 mm. Mais avec 70 mètres à couvrir, Maria et Robin choisissent un diamètre de 32 mm, pour éviter toute perte de pression.

Le tuyau est glissé dans une gaine de protection, ce qui permet de le protéger des agressions climatiques et de prévoir un remplacement ultérieur si nécessaire.


Télécom : penser au plan B

Orange installe deux gaines vides entre la route et la maison, au cas où la première s’avérerait inutilisable. Une précaution simple, qui évite bien des soucis plus tard.


Assainissement : la pente comme seule énergie

Le caniveau de la ville passant à 2,5 m de profondeur, le couple peut installer tout le réseau d’évacuation en gravitaire, sans pompe de relevage. Une bonne nouvelle :

“Une pompe consomme, demande de l’entretien, et peut tomber en panne. On voulait l’éviter.”

Mais la pose n’est pas simple. La pente doit être comprise entre 1 % et 3 %, et le calcul est d’autant plus délicat qu’il faut creuser profond. Robin prévoit une pente de 2,5 %, avec des tuyaux PVC de 100 mm de diamètre, posés sur lit de sable.

Ils font appel à un conducteur de pelle pour creuser la tranchée, poser les réseaux, puis la refermer. Un gain de temps, de sécurité et de confort, selon eux.

“Creuser, descendre, remonter, vérifier… seul, c’est trop dangereux.”

L’ensemble prend trois journées et demie à deux personnes. Un rocher non prévu leur fera perdre près de 12 heures.

“C’est un travail très physique, et tout disparaît une fois la tranchée rebouchée. Mais il faut le faire bien : si un problème apparaît plus tard, tout serait à recommencer.” 

Et quand il n’y a pas de tout-à-l’égout ?

Certaines communes n’imposent pas de raccordement collectif. Des solutions alternatives existent : phyto-épuration, pédo-épuration, fosse septique… Le projet doit alors être validé par le SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif).

Budget

Une somme importante, composée à 90 % de travaux de voirie, et notamment des coûts liés au raccordement au tout-à-l’égout, soit environ 5 000 euros à eux seuls. Robin précise que des suppléments ont été facturés en raison de la profondeur du caniveau, bien au-delà des standards habituels. Le tarif de base est prévu pour une profondeur de 1,30 m ; un premier supplément est appliqué pour 1,60 m, et un deuxième pour atteindre 2,50 m.

La phase de raccordement a quant à elle coûté environ 7 000 euros. Ce montant comprend :

  • la location de la pelle et du chauffeur,
  • les câbles, tuyaux, gaines pour une distance de 75 mètres,
  • et l’ajout de deux gaines vides supplémentaires pour anticiper une motorisation de portail, un visiophone ou l’installation future de panneaux photovoltaïques.

Au total, 15 000 euros investis pour des tranchées aujourd’hui invisibles, mais essentielles. Robin conclut : « C’est une étape à ne surtout pas bâcler. Si un problème survient plus tard, il faudra tout recommencer, sans rien abîmer cette fois. »

Découvrir toutes les étapes de l’autoconstruction de cette maison bioclimatique

Étape précédente ➜ Le garage

Étape suivante ➜ Isolation et bardage

Pour suivre leur chantier au quotidien, rendez-vous sur leur compte Instagram @maisonbioclimatique_gironde