Je lutte contre le mildiou, ennemi n°1 des tomates

03/06/2022 4 min
mildiou tomates

Un fléau ! Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier le mildiou provenant d’Amérique et introduit en Europe il y a près de 200 ans. C’est lui qui, en 1846 en Irlande, a causé une famine et la mort d’un million de personnes (et l’immigration de plus encore vers les USA). Le mildiou est la seule maladie que je traite dans le potager, car il n’est pas question de voir disparaître mes futures récoltes de tomates sans combattre ! Or, pour mener une guerre, il est nécessaire de bien connaître son ennemi. Voici mon plan de bataille !


Le mildiou, qu’est-ce que c’est ?

Ce n’est pas un champignon, mais un « oomycète », c’est-à-dire un organisme se classant dans la même catégorie que les algues. Précision d’importance : il n’existe pas un mildiou… mais des mildious. La maladie est en effet causée par différentes espèces qui, chacune, s’attaque exclusivement à une plante ou deux dans le cas de Phytophtora infestans. Ce mildiou de la tomate est aussi celui qui sévit sur la pomme de terre. Mais il n’affecte pas les poivrons, les aubergines, etc. Ce n’est pas tout : cette espèce se décline en diverses souches qui peuvent se croiser entre elles. Voilà pourquoi il n’est pas possible d’obtenir de variétés résistantes à cette maladie.


Quel est son mode d’action ?

Le mildiou se conserve dans les sols sous une forme qui lui permet d’attendre pendant des années que les conditions lui soient favorables pour attaquer les plantes. C’est-à-dire lorsque l’humidité atmosphérique est importante, qu’il y a présence de gouttes d’eau sur les plantes et que les températures sont clémentes (de 13 à 26 °C). Des milliards de spores, de semences de mildiou, sont alors émises et transportées par le vent jusque sur les plants de tomates. Si une gouttelette se trouve là, elles y « germent » et pénètrent dans la plante. Aussitôt un réseau de mycélium l’envahit et, quelques jours plus tard, les symptômes apparaissent (1) : des chancres noirs sur les tiges, mais surtout de larges taches brunes sur les feuilles qui très vite noircissent, se dessèchent. La plante meurt.

(1) Des taches sur les feuilles de tomates ? Ce n’est pas forcément du mildiou ! Pour vous en assurer (ou savoir ce qui arrive à vos précieux légumes), voici de quoi faire un diagnostic par l’image.


Bicarbonate, fil de cuivre… « cela fonctionne ». Vraiment ?

Le mildiou est endémique : il est présent dans tout l’environnement et ses spores très légères sont transportées sur des dizaines de mètres. La rotation des cultures est donc inutile ainsi que n’importe quel traitement du sol (dont le paillage). Cultiver les plantes sous abris limite les risques, mais ne les élimine pas. Quant aux astuces et recettes qui fleurissent à foison… je le dis tout net : aucune n’a jamais fait ses preuves (2).

(2) Les extraits de plantes offrent des pistes sérieuses pour lutter contre les maladies des plantes. Mais on ne sait pas encore comment les utiliser pour cela. Ce document fait le point sur les expérimentations réalisées jusqu’alors.

Depuis son apparition au 19e siècle, absolument tout a été testé pour prévenir cette maladie foudroyante. Pourtant, lors de certaines années (2014 notamment), des jardiniers ont pu constater que leurs recettes (bicarbonate, huile, savon, purins et décoction…) fonctionnaient et que leurs pieds de tomates atteints par le mildiou se rétablissaient. Sans voir que c’était aussi le cas des plantes sans traitement. L’explication est simple : dès que la sécheresse s’installe, les contaminations cessent et lorsque les températures s’élèvent au-dessus de 26 °C, le mildiou est stoppé. La maladie n’est plus active… sans aucune intervention du jardinier.


Au diable la bouillie bordelaise ?

Bien qu’il soit le seul efficace, ce produit à base de cuivre est aujourd’hui décrié : il tuerait la vie du sol, il entrainerait une pollution nocive pour l’homme. Ce qui est vrai dans les vignes et les vergers qui ont été traités intensivement pendant des décennies (le cuivre s’est effectivement accumulé dans les sols). Mais ce n’est pas le cas dans les exploitations maraîchères et encore moins dans les jardins amateurs. Le cuivre ne pose pas de problème en lui-même… contrairement à son excès. Comme tout médicament !


Comment traiter ?

La molécule de cuivre forme un film sur la plante (bleu dans le cas de la bouillie bordelaise). Elle empêche les spores de mildiou de germer et donc de contaminer les végétaux. Les produits cupriques ne sont donc pas fongicides (ils ne tuent pas les champignons), mais simplement préventifs. Quelques molécules de cuivre finissent par rejoindre le sol ; elles sont aussitôt transformées par des bactéries spécialisées en oligo-éléments assimilables par les plantes.

A condition d’employer la bouillie bordelaise (ou autre produit à base de cuivre) à bon escient. On ne traite que lorsque les conditions sont favorables au mildiou (pas les années sèches et caniculaires) et seulement AVANT la pluie – donc avant l’arrivée des spores. Et on arrête les traitements systématiques : on ne les renouvelle que lorsque le film du traitement précédent a disparu. Bien souvent un à deux traitements par été suffisent à protéger les tomates du mildiou.

Le mildiou dans mon potager : même pas peur !


Article rédigé par la jardinière et journaliste Guylaine Goulfier. Découvrez son portrait.

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