« Je vis dans une ancienne école »

Nathalie Schlienger et sa famille ont emménagé en 2015 dans une ancienne école primaire située à Ambronay (Ain). Tout en préservant l’esprit des lieux, l’école s’est transformée, après un an de travaux, en chambre d’hôtes, la Maison d’Ambronay. Pour Recto&Verso, Nathalie Schlienger revient sur ce projet atypique.

Comment avez-vous eu l’occasion d’acquérir cette ancienne école ?

La commune d’Ambronay avait mis en vente l’école car un nouveau bâtiment avait été choisi pour la rentrée de septembre 2014 en raison du trop grand nombre d’enfants. Pour financer ce nouveau projet, il leur fallait se séparer de cette école. Je cherchais la maison idéale depuis un an pour y réaliser une maison d’hôtes. J’étais loin de penser qu’une école pouvait se vendre. Quand je l’ai visitée pour la première fois, c’était encore une école en fonction, avec les dessins d’enfants accrochés au mur, les vêtements sur les porte-manteaux. Le bâtiment, qui date de 1870, avait énormément de charme avec de belles montées d’escaliers en pierre, des voûtes, des colonnes. Tout comme le village, classé « Petite cité de caractère », avec son abbaye.

Avez-vous tout de suite réussi à vous projeter ?

Il fallait avoir envie de tout rénover. Même si la commune entretenait l’école puisqu’il y avait au quotidien 170 élèves, il a fallu tout repenser pour pouvoir y emménager puis recevoir nos hôtes. Nous avons réalisé des travaux d’isolation, revu le réseau de chauffage, remis l’électricité aux normes et réaménagé l’ensemble. Cela a pris un peu plus d’un an car l’école a une superficie de 1 000 m².

Comment, justement, avez-vous réaménagé l’école ?

Les classes sont devenues des chambres qui portent aujourd’hui les noms évocateurs de CE1, CE2, CM1 et CM2. Le plus grand chantier a été de reconstituer des salles de bain dans chaque chambre car il n’y avait pas de point d’eau dans les classes. D’importants travaux de plomberie ont donc été réalisés. Le couloir qui menait à la cour de récréation avec son patio et sa verrière ont été transformés en un petit salon d’accueil. La salle des maîtresses et des maîtres est devenue un deuxième salon qui donne sur la cour de récréation. Nous avons fait d’une autre classe notre cuisine où je sers les petits-déjeuners. Dans la chambre CE1, de 60 m², nous avons imaginé la salle de bain comme un vestiaire de piscine, on peut donc s’y laver à trois sans problème. Dans la chambre CM1, très grande également, nous avons cassé les volumes en créant des estrades pour accéder au lit mais aussi à la salle de bain.

Quels objets de l’école avez-vous conservé ?

Beaucoup de matériel a été récupéré pour aménager la nouvelle école. J’ai pu conserver des manuels scolaires, un bureau de maîtresse, quelques tableaux noirs, des affiches de sciences et de géographie, des petits porte-manteaux, des chaises, des bureaux… La cour de récréation est toujours dans son jus car, au sol, on retrouve les tracés de marelles, de terrains de foot.

Et comment avez-vous aménagé votre espace de vie personnel ?

Nous vivons dans l’ancien logement de fonction du directeur. C’est une partie indépendante de l’école de 100 m² dans laquelle nous avons créé deux chambres, deux salles de bain, un dressing et un bureau. Nous n’avons pas de cuisine car nous aimons tellement celle de la maison d’hôtes que nous avons décidé de faire cuisine commune avec nos invités. Le logement de fonction n’était plus habité depuis plusieurs années, il servait d’espace de stockage et était donc devenu vétuste. Nous avons donc tout repensé à notre goût, en conservant tout de même le charme du parquet en chêne qui grince sous nos pas.

Quels sont les retours de vos hôtes ?

Ils sont surpris par les surfaces, chaque chambre mesurant au minimum 50 m². Ils aiment les grands couloirs, les escaliers en pierre et apprécient qu’un bâtiment ait été reconverti plutôt que laissé à l’abandon. Dans la cour de récréation, ils ont l’impression d’entendre les cris des enfants et certains me demandent même de pouvoir sonner l’ancienne cloche que j’ai conservé. J’ai déjà reçu d’anciens élèves et ils éprouvent tous une certaine nostalgie à revenir dans ces lieux…