Malàkio, l’entreprise française au pied marin qui recycle des coquillages

15/02/2022 3 min
Malàkio miroir

© Malàkio


Lutter contre le gaspillage des coquillages en les transformant en meubles ou objets de décoration. C’est l’idée ingénieuse de Morgan Guyader et Hugo Kermarrec, deux amis d’enfance qui ont installé leur entreprise à Nantes. Malàkio, qui signifie mollusque en grec, recycle ainsi plusieurs tonnes de coquilles par an pour leur donner une seconde vie. Explications.


150 000 tonnes : c’est la quantité faramineuse de coquillages jetés puis incinérés et ensevelis chaque année en France. Qu’elles proviennent des restaurants ou des poubelles des particuliers, les coquilles des fruits de mer sont très peu recyclées. Originaires de Brest et ayant un attrait particulier pour la mer, Hugo et Morgan ont le déclic lorsqu’ils travaillent avec le beau-frère de ce dernier, ostréiculteur. En septembre 2020, ils fondent Malàkio pour recycler les coquillages et en faire des objets du quotidien, design et éco-responsables.

Un projet 100 % made in France


Basée à Nantes, la jeune entreprise travaille principalement avec les restaurateurs ainsi qu’avec un réseau de producteurs bretons. « Nous rendons service aux restaurants en enlevant les coquilles gratuitement, car normalement, ils doivent payer une société à la tonne pour le transport vers la déchetterie », explique Morgan. Le respect de l’environnement est fondamental pour les fondateurs de Malàkio. « Nous avons mis presque un an à élaborer un bio composite à base de coquillage. C’était très important pour nous de créer un écosystème régional et des produits entièrement fabriqués en France », indique-t-il.

© Malàkio


Active en Bretagne, en Loire-Atlantique et en Vendée, la start-up a recyclé près de trois tonnes de coquilles l’an dernier. En 2022, cette quantité devrait considérablement augmenter, car Malàkio prévoit d’intensifier ses activités. « Auparavant, nous récoltions les coquillages tous les deux mois environ. Nous avons beaucoup de projets en cours et allons passer à un ramassage par mois », s’enthousiasme le co-fondateur.


De la coquille à la déco

« Nous veillons à avoir l’impact écologique le plus faible possible. Il faut donc être patient, car il s’écoule plusieurs mois entre la récupération et la fabrication », affirme Morgan. L’entreprise, qui n’utilise aucun produit chimique, laisse la météo faire son effet en premier lieu. Ainsi, pour que le coquillage soit nettoyé et complètement débarrassé de toutes les parties organiques, il doit être lavé sous la pluie et séché naturellement au soleil pendant plus d’un mois.


Malàkio utilise ensuite une broyeuse agricole sauvée de la déchetterie pour broyer les coquilles. Puis, « les morceaux sont tamisés en fonction de l’aspect visuel souhaité ». Enfin, l’atelier de Nantes se charge d’intégrer au mélange une matrice minérale utilisée dans le domaine de l’architecture pour agglomérer le tout. Après deux semaines de séchage sans four, place au ponçage, « le plus gros du travail » pour faire ressortir le coquillage à la surface.


Une fois solidifié et bloqué dans le matériel, « le coquillage a une durée de vie très longue et peut même se recycler ». Ce concept original permet donc de consommer de manière plus responsable via la revalorisation de déchets.


Proche des restaurateurs, Malàkio a débuté en fabriquant des dessous de verre ou de plat « Nous aimions l’idée que les coquillages récupérés dans les restaurants retournaient sur les tables », confie le jeune homme. En pleine expansion et en phase de recrutement, la petite entreprise qui compte quatre salariés se diversifie et propose aujourd’hui un catalogue de produits art de la table plus conséquent et des objets de décoration (miroirs, bougeoirs…). « Les retours sur les réseaux sociaux nous guident dans nos créations. C’est comme cela que nous avons commercialisé des miroirs », raconte Morgan, qui imagine et dessine les pièces de Malàkio. Par ailleurs, l’entreprise nantaise élabore aussi des plans de travail de cuisine sur-mesure et prépare plusieurs projets prometteurs qui devraient voir le jour à la fin de l’année, parmi lesquels, une table basse, un meuble de télévision et une bibliothèque !